SNCF - Lancement du TGV Méditerranée : L’envers du succès08/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1717.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Lancement du TGV Méditerranée : L’envers du succès

A l'occasion de la mise en service de la ligne du TGV Méditerranée, la presse a largement souligné la prouesse technique que représentaient les 250 kilomètres de ligne nouvelle, les viaducs et tunnels, les équipements informatiques de signalisation, etc., etc.

Beaucoup plus discrètement, il a été rappelé le coût non pas en milliards de francs mais en conditions de travail et en morts sur les chantiers de ce TGV. Au moins dix travailleurs ont été victimes d'accidents mortels en cinq ans de construction de la ligne et de nombreux autres ont été victimes d'accidents graves. Pour la plupart, il s'agissait non pas d'employés de la SNCF intervenant pour la pose des lignes de chemin de fer, mais de travailleurs des entreprises du bâtiment qui construisaient les infrastructures. Ces entreprises, bien souvent elles-mêmes sous-traitantes de grandes sociétés du BTP, employaient à ces travaux de nombreux ouvriers immigrés, parfois sans papiers, qui n'avaient aucune possibilité d'exiger un salaire correct et surtout le respect des conditions de sécurité.

La direction SNCF, qui a toujours expliqué que «chacun est le meilleur garant de sa propre sécurité», ne se tient aucunement pour responsable de cette situation, se félicitant même que les taux de gravité des accidents sur les chantiers du TGV Méditerranée seraient restés inférieurs aux taux constatés en général dans le BTP.

Les travaux du tunnel de Marseille ont commencé en octobre 1995. Sur cet énorme chantier, un an après, en octobre 1996, un accident grave a été suivi d'une grève de trois semaines, au cours de laquelle des militants syndicalistes avaient dénoncé ce qu'ils décrivaient comme «des conditions d'exploitation dignes du 19ème siècle et des techniques du 21ème siècle», tant il est vrai que, dans la société capitaliste, les techniques de pointe s'accordent très bien avec des conditions d'exploitation d'un autre âge. Et les quelques concessions obtenues alors n'ont pas changé fondamentalement cette situation. Le TGV Méditerranée, c'est aussi cela.

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