Pour interdire les licenciements, une seule mesure efficace : La réquisition18/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1714.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Pour interdire les licenciements, une seule mesure efficace : La réquisition

Le 22 mai, les amendements au projet de loi concernant la modernisation sociale seront discutés à l'Assemblée nationale. Dans le cadre de cette loi fourre-tout, des mesures ont été incluses au dernier moment, qui viseraient à limiter les plans sociaux.

Mais toutes ces mesures, proposées par le Parti Socialiste, sont insignifiantes et se réduisent à un simple encadrement des plans sociaux, à une légère augmentation de leur coût pour les patrons, en fait à "un gobelet avec lequel on veut éteindre un incendie de forêt" disait un dirigeant de la CGT. Danone, par exemple, s'est vanté de proposer, en indemnité, aux licenciés, bien plus que ce que cette future loi est censée prévoir. C'est peu dire qu'elle serait indolore pour les patrons, qui auraient, d'ailleurs, toujours le droit de déduire de leurs impôts les "dépenses passives" comme ils disent des plans sociaux, indemnités de licenciement et préretraites. Le contribuable, et non l'actionnaire, paiera !

Le renchérissement du coût des licenciements sous prétexte de dissuader le patronat de supprimer des emplois est illusoire, puisque de toute façon des subventions des pouvoirs publics viendront le compenser. Ne vient-on pas de voir les dirigeants socialistes du Conseil Régional d'Ile-de-France décider de maintenir une subvention de 10 millions de francs à Danone pour construire un centre de recherche sur le plateau de Saclay ? Et si Jospin annonce un "Plan national d'action pour l'emploi" (PNAE), c'est pour se féliciter dans le même temps des "allégements de charges sociales" patronales, présentés comme moteur de la croissance des emplois ! Et Jospin de se féliciter que les cotisations patronales au niveau du SMIC soient passées de 48 % du salaire brut en 1997 à 38,23 % en 2001. Et ce n'est pas fini !

Pour mettre fin aux fermetures d'entreprises, aux restructurations et autres plans sociaux successifs qui privent de leur emploi des milliers, voire des dizaines de milliers de travailleurs, ce n'est certainement pas du côté du gouvernement et de ses lois, amendées ou pas, que la classe ouvrière doit chercher. La seule mesure efficace pour les travailleurs mais aussi pour toute la société serait l'interdiction des licenciements collectifs, sous peine de réquisition des entreprises. Mais contre cette perspective, les partis de droite comme les partis de gauche se retrouvent unanimes, sous prétexte que cela serait nuisible à la bonne marche de l'économie ! Comme si la soif de profit des capitalistes n'était pas nuisible non seulement à l'économie mais à l'ensemble de la société humaine et de son fonctionnement. Comme si laisser des millions d'hommes et de femmes au chômage, sans emploi, ne représentait pas un gâchis d'intelligences, de forces, d'initiatives, de capacités de produire des richesses, dommageable pour l'ensemble de la collectivité humaine.

Tous, depuis la droite et le Parti Socialiste, qui incarnent de façon plus ou moins agressive, plus ou moins ouverte, les intérêts du patronat et de la bourgeoisie jusqu'à des organisations comme Attac, s'inscrivent dans la logique de la sacro-sainte propriété privée des moyens de production. C'est Attac qui explique d'ailleurs que "le droit de la propriété capitaliste implique celui d'embaucher et de licencier, mais la question est de savoir jusqu'à quel point" alors que la vraie "question" pour les travailleurs est de rompre avec ce droit de la propriété capitaliste.

Aujourd'hui, on ne compte plus ceux nous qui expliquent qu'on est contraint de s'inscrire dans la logique du marché capitaliste, dans la logique du profit, sinon on casserait la dynamique de l'économie. Mais de quelle dynamique veulent-ils parler ? Car pourquoi faudrait-il accepter non seulement les licenciements massifs mais encore que des moyens de production utiles, nécessaires pour satisfaire des besoins de l'humanité, soient mis au rebus ? Pour respecter la course aux profits de gens qui n'ont que ce seul critère en tête et se moquent totalement de la vie des travailleurs mais tout autant des besoins de la société ? Rompre avec cette logique est au contraire une question vitale pour l'ensemble de l'humanité.

Oui, il faut réquisitionner les entreprises dont les patrons décident la fermeture alors qu'elles font - ou ont fait- des profits colossaux avec le travail et la sueur des travailleurs. Ce serait là la seule mesure efficace pour prévenir, pour interdire, les licenciements collectifs et ce qu'ils signifient de dégâts humains, sociaux et économiques.

Partager