Leur société

PARE : Contre les chômeurs et tous les salariés l'assemblée adopte le PARE

Le PARE, Plan d'aide au retour à l'emploi, a été avalisé mercredi 11 mai par un vote de l'Assemblée nationale. Les débats ont duré, nous dit-on, plus de neuf heures, opposant le gouvernement et le Parti Socialiste à la droite, mais aussi à leurs alliés de la gauche plurielle, radicaux de gauche, Verts et communistes. Au moment du vote, vers minuit, il ne restait plus en séance que 33 députés : 29 ont voté pour, socialistes et droite confondus ; les 4 autres, du PC, ont voté contre.

C'est l'épilogue d'un an de polémique. C'est en effet en mai 2000 que le Medef, négociant le renouvellement de la convention Unedic, proposa le CARE, Contrat d'aide au retour à l'emploi. Dans le cadre de ce qu'il a appelé avec emphase la "refondation sociale", consistant à remettre en cause les quelques garanties qui restaient aux chômeurs, le patronat proposait de supprimer toute allocation à ceux qui refuseraient une proposition d'emploi. Le but était non seulement de s'attaquer aux droits et revenus des chômeurs, mais du même coup de faire pression à la baisse sur tous les salaires.

En juin 2000, après discussion avec les syndicats, le Medef faisait quelques concessions mineures, entre autres celle consistant à changer le nom : le CARE devenait le PARE, pour lequel la CFDT, la CFTC et la CGC se déclaraient prêtes à signer.

Mais c'est alors le gouvernement qui, craignant la contestation populaire, elle-même relayée par la CGT et FO, déclarait en juillet le PARE inacceptable. Une nouvelle mouture voyait le jour en septembre. La logique de cette version restait la même à quelques nuances près : imposer aux chômeurs qu'ils acceptent les emplois qu'on leur propose au salaire proposé. Fin octobre, après le départ de Martine Aubry du gouvernement, s'engageait la procédure d'agrément du PARE qui vient d'aboutir à son adoption par l'Assemblée.

Le PARE, signé par le patronat et trois confédérations syndicales et appuyé par la droite politique, a été défendu par les députés socialistes et les ministres, Elisabeth Guigou en tête, qui prétendent, la main sur le coeur, que le PARE ne changerait rien pour les chômeurs. Il ne serait même pas obligatoire. Aucune sanction ne serait là pour faire pression sur les chômeurs.

Mais il y a tromperie derrière ces propos lénifiants. Dans l'application des critères du PARE, qui aura le plus de poids, les patrons ou les chômeurs ? En cas de contestation, qui l'administration écoutera-t-elle, qui décidera en fait ? Confiant sur le rapport de forces qui lui est actuellement favorable, le patronat avance ses pions. Le Parti Socialiste se fait ouvertement le complice du Medef. Quand les effets néfastes du PARE se manifesteront clairement, ces gens-là ne manqueront pas de dire aux travailleurs que c'est à eux de lutter, que le gouvernement ne peut pas tout faire ! Ils nous ont déjà fait le coup pour les licenciements et ne se priveront pas de recommencer.

Certes des députés et des partis ont refusé le PARE, en mettant le doigt sur de vrais problèmes. Une députée Verte l'a qualifié de "carrément mauvais". Une radicale de gauche a montré les chômeurs "contraints de se brader, c'est-à-dire à accepter des salaires inférieurs à leur rémunération antérieure". Maxime Gremetz, du PCF, a dénoncé la "philosophie antisociale" du projet. Mettant à profit la présence de Denis Kessler, le numéro deux du Medef, il a même ajouté : "Le Medef vous écoute, il est parfaitement satisfait." Et la députée PCF Muguette Jacquaint a rappelé les élections municipales : "Prenons bien garde de dire que c'est parce que les gens n'ont rien compris."

Mais ils ne vont pas jusqu'à mettre en jeu leur poids parlementaire pour, au moins, faire plier le PS. Liés par leur participation gouvernementale, ils ne sont prêts à voter contre les projets du PS qu'à condition que cela ne puisse avoir aucun effet. C'est pourquoi d'ailleurs les députés Verts et radicaux de gauche ont quitté l'Assemblée après avoir poussé leur cri, pour ne pas avoir à voter. Quant aux députés communistes, ils ont voté contre, mais à 4 contre 29, alors qu'il y a 37 députés PCF, 13 radicaux et 8 écologistes. C'est une "opposition" qui ressemble fort à une complicité honteuse.

Le PARE a été adopté par l'Assemblée. Le patronat va pouvoir s'en prévaloir pour faire pression sur l'ensemble de la classe ouvrière, salariés et chômeurs. En se mobilisant pour la défense de ses droits, celle-ci aurait les moyens de se défendre, contre ses ennemis déclarés et contre ses faux amis de toute sorte.

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