Interdiction des licenciements : La mobilisation doit s'amplifier18/05/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/05/une-1714.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Tribune de la minorité

Interdiction des licenciements : La mobilisation doit s'amplifier

Après Danone, Marks & Spencer, Valeo, Aventis, Moulinex, AOM-Air Liberté, et bien d'autres, cette semaine c'est au tour de Bata (Moussey) de menacer les emplois de ses salariés. Tous les grands groupes français préparent ces saignées, qu'ils soient bénéficiaires ou non. D'ailleurs ceux qui déclarent aujourd'hui des pertes, le font à l'ombre de jeux comptables et en dehors de tout contrôle, mais après avoir accumulé des richesses pendant des années et engraissé leurs actionnaires. Plus discrets mais tout aussi réels, les fins de contrat d'intérimaires, comme les 1 000 chez Citroën à Rennes, font partie de cette vaste offensive du patronat pour améliorer ses marges. Le gouvernement, au delà de quelques phrases creuses de Guigou ou de Jospin, ne fait rien pour empêcher les patrons de nuire. Logique avec lui-même, et sans état d'àme, le gouvernement met en application le PARE voulu par le MEDEF, tout en continuant les cadeaux et ristournes diverses aux patrons licencieurs.

Une colère qui monte...

Cette attaque groupée du patronat, avec la complicité silencieuse de Jospin, a semé le désarroi. Des régions entières se trouvent ruinées, car bien souvent ces usines fermées en entraînent d'autres sous-traitantes. Mais elle sème aussi la colère. Après les manifestations des Moulinex en Normandie, à Marignac, petite ville des Pyrénées, les travailleurs de Péchiney ont été à l'initiative d'une manifestation de 2 500 personnes contre la fermeture du site.

... qu'il faut transformer.

Dans les jours qui viennent de nouvelles actions sont annoncées. Notamment une manifestation des Marks & Spencer à Londres le 17 mai, un rassemblement des Moulinex le 19 mai à Alençon, un rassemblement devant la sous-préfecture à Saint Gaudens le 22 mai, contre la fermeture de Pechiney Marignac, appelé par la CGT de la chimie... Les occasions de montrer leur volonté de pas s'incliner devant les décisions du patronat, se multiplient pour les travailleurs directement visés par les plans annoncés. Et aussi parfois pour la circonstance, c'est l'occasion d'affirmer leur solidarité et leur conscience de la nécessité d'une lutte commune. Comme l'atteste le projet des LU de Ris Orangis de se rendre à une trentaine à Londres pour manifester avec les Marks & Spencer. Ou encore comme les syndicalistes de Péchiney Marignac, annonçant qu'ils sont en contact avec ceux de Lu Danone, de Marks & Spencer, d'AOM- Air Liberté pour préparer une grande action d'ensemble contre tous les plans sociaux.

Cette déferlante menace tous les travailleurs. Les licenciements dans des filiales ou des sous-traitants des multinationales, ou d'intérimaires dont les entreprises petites et grandes se débarrassent, se déroulent peut-être avec moins d'éclat, mais n'en font pas moins de dégàts. Tous les salariés peuvent se considérer comme des licenciés en puissance. Et si la vague des licenciements passe, pour ceux qui conserveront un emploi, pendant le temps où ils le garderont, elle se traduira par des pressions importantes sur les conditions de travail, sur les salaires.

C'est pourquoi, s'il faut soutenir et développer toutes les luttes en cours, il est aussi nécessaire et possible de les faire converger. L'indignation soulevée par ces licenciements est largement partagée. Le besoin d'une riposte d'ensemble pour interdire les licenciements est compris et voulu par une fraction de la classe ouvrière et peut l'être demain par un nombre encore plus grand de travailleurs.

Pour la réussite du 22 mai et du 9 juin

L'initiative de la CGT d'appeler le 22 mai à une journée d'action, et de rassembler les travailleurs de la Région parisienne devant l'Assemblée Nationale où se débattra dans le cadre d'une loi une réglementation des licenciements, peut offrir une occasion de faire monter la mobilisation, et il faut la saisir.

La proposition d'une manifestation à Paris le 9 juin sur l'initiative des syndicalistes des entreprises subissant des plans de licenciements (Lu-Danone, Marks & Spencer, AOM -Air Liberté), pour laquelle ils demandent à toutes les organisations syndicales, aux partis politiques, aux associations opposés à ces suppressions d'emplois, d'appeler en commun et de mettre leur poids pour sa réussite, sera une nouvelle étape importante.

Pour faire en sorte que ces actions se concrétisent et réussissent, il faut que tous les militants se mobilisent. Ils ont bien sûr à convaincre les travailleurs autour d'eux. Et ils ont aussi à convaincre leur section syndicale ou syndicat, leur union locale ou départementale de se mobiliser et d'y appeler. Il s'agit de se donner les moyens et de préparer les bases sur lesquelles les syndicats de branche, les confédérations pourront décider de s'engager et mettre leur poids à la réalisation de cette manifestation unitaire à Paris, à laquelle certains partis, dont PCF, LCR, LO, ont décidé d'appeler. En veillant, et c'est important, à ce que personne ne soit écarté pour la préparation de cet objectif unitaire ; en évitant toutes les discriminations ou préventions qui pourraient surgir contre telle organisation syndicale concurrente, ou contre tel parti ou association. Car pour franchir de nouvelles étapes dans la mobilisation, il faut maintenant rassembler toutes les forces militantes de la classe ouvrière.

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