Collège Elsa Triolet Saint-Denis (93) : Un avertissement20/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1684.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Collège Elsa Triolet Saint-Denis (93) : Un avertissement

Mardi 10 octobre, la moitié des enseignants, la totalité des surveillants, des aides-éducateurs, soutenus par le personnel ouvrier étaient en grève au collège Elsa Triolet de Saint-Denis

A l'origine de ce mouvement, les phénomènes classiques de violence que connaissent les établissements des " banlieues " populaires. Nous avons voulu manifester notre solidarité avec plusieurs collègues aides-éducateurs agressés dans l'exercice de leur fonction et réclamer des moyens et un changement de politique pour faire face à une situation que tout le monde juge préoccupante. C'était aussi une grève pour manifester notre mécontentement par rapport à la façon dont l'Education nationale essaye d'étouffer les problèmes qui se posent en permanence.

Lorsque les médias avaient braqué leurs projecteurs sur les phénomènes de violence au printemps dernier, les ministres de l'Education nationale de l'époque Allègre et Royal et les médias avaient essayé de répandre l'idée que les personnels faisaient peser une chape de plomb sur les faits de violence qui se produisaient dans les établissements, et il avait fallu quelque temps pour qu'il apparaisse que le ministère exerçait des pressions sur les chefs d'établissements pour cacher ces faits.

Alors que dans le collège, la situation va en se dégradant au fil des années, on retrouve curieusement chez nos chefs d'établissements successifs le même discours d'adeptes de la méthode Coué : c'est toujours " Tout va bien ", et au pire, " Tout ne va pas si mal ", l'important étant sans doute de ne pas faire de vagues auprès de leurs supérieurs hiérarchiques

Quand des élèves particulièrement violents posent des problèmes, consigne leur est donnée de les garder à tout prix, car il y a très peu de places dans des structures spécialisées susceptibles de pouvoir les accueillir. De fait, quand des élèves sont renvoyés d'un établissement, on impose aux chefs d'établissements de recevoir en contrepartie des élèves renvoyés d'autres établissements. C'est ce que certains appellent se refiler le mistigri.

Après qu'il eut fallu rédiger une pétition signée par la quasi-totalité des enseignants pour exiger de la direction la tenue d'un conseil de discipline pour un élève qui avait agressé de façon violente un aide-éducateur, et le refus du chef d'établissement, nous avons voté la grève.

Dans cet établissement de 550 élèves, on ne compte chaque jour que deux surveillants, parfois un seul. Aussi, les aides-éducateurs, qui en théorie devraient être chargés de missions éducatives, se retrouvent fréquemment cantonnés dans un rôle de surveillance pour pallier l'absence de personnel et ils sont souvent débordés, et c'est là que les incidents se produisent.

Dans la plate-forme élaborée, nous avons demandé le recrutement de nouveaux surveillants et que les aides-éducateurs soient utilisés selon leurs compétences et leurs projets professionnels, ainsi que le développement par le ministère de l'Education nationale de structures pour accueillir des enfants ayant de graves problèmes psychologiques, des comportements violents qui ne relèvent pas de la compétence des personnels éducatifs.

Le problème serait bien sûr aussi de faire en sorte que la société ne produise pas de plus en plus d'enfants déboussolés, déstructurés ou n'ayant jamais été structurés car les parents sont au chômage (20 % chez nous), les familles éclatées, souvent confrontées à de graves problèmes de logement. Mais en attendant il faut prendre des mesures dans l'urgence pour réparer les dégâts de cette société, et l'Education nationale doit en trouver les moyens.

Dernier point mis en avant, que toutes les décisions soient prises en concertation avec l'ensemble des personnels. En effet, dans un bateau qui affronte la tempête, il est sans doute préférable que le capitaine ne fasse pas le contraire de l'équipage !

En tout cas, premier effet de notre grève, les autorités ont trouvé une structure spécialisée pour l'élève responsable de l'agression. Mais nous attendons toujours les surveillants supplémentaires... et les moyens de fonctionner.

Partager