La fête de l'internationalisme (extraits de l'allocution d'Arlette Laguiller du lundi 12 juin)16/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1666.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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La fête de l'internationalisme (extraits de l'allocution d'Arlette Laguiller du lundi 12 juin)

[...] " Notre fête, vous le savez, est aussi celle de l'internationalisme. Nos convictions internationalistes sont d'ailleurs inséparables de nos convictions communistes car nous nous réclamons de cette tradition du mouvement ouvrier qui, depuis Marx en passant par Rosa Luxemburg ou Trotsky, considère que l'émancipation des travailleurs, l'émancipation de la société des chaînes du capitalisme, ne pourra se réaliser qu à l'échelle mondiale.

C'est le capitalisme lui-même qui, en tissant des liens économiques entre tous les pays du monde, a fait s'interpénétrer le destin des différents peuples.

Mais les liens imposés par le capitalisme sont des liens d'exploitation, des liens de subordination. Un des aspects les plus abjects du capitalisme, c'est le pillage du Tiers Monde, c'est l'inégalité entre quelques riches pays impérialistes et la majorité pauvre et sous-développée de la planète. Cette inégalité elle-même est le reflet de l'inégalité sociale entre une minorité bourgeoise riche et la population travailleuse exploitée. Et la véritable frontière qui sépare et oppose n'est pas celle qui passe entre les pays mais celle qui passe entre les classes sociales. C'est ce que reflètent ces statistiques qui affirment, dans toute leur brutalité, que trois cent cinquante personnes les plus riches possèdent plus que les deux milliards et demi les plus pauvres ! Tout le fonctionnement du capitalisme, c'est d'aggraver la pauvreté à un pôle pour accumuler des richesses à l'autre pôle.

Et le fait que l'inégalité entre pays riches et pays pauvres ne cesse de s'accroître, même dans des périodes de croissance de l'économie capitaliste, suffit pour condamner ce système. Et non seulement l'inégalité se creuse entre la minorité des pays impérialistes riches et la majorité des pays pauvres, mais certains continents, comme l'Afrique, s'appauvrissent dans l'absolu.

Quoi d'étonnant lorsque les pays occidentaux achètent les matières premières toujours moins cher et vendent les produits industriels de plus en plus cher ?

Quoi d'étonnant lorsque même les usines modernes d'Afrique, propriétés de trusts occidentaux, payent des salaires dix fois inférieurs aux salaires les plus bas d'Occident alors que les marchandises produites le sont pour le marché occidental ?

Les grandes entreprises des pays les plus industrialisés, françaises comprises évidemment, ne réinvestissent même pas les surprofits ainsi réalisés par la surexploitation des travailleurs africains. Ces sommes ne font que s'ajouter à d'autres pour servir dans de gigantesques opérations financières en Occident.

Et c'est cette misère due au pillage impérialiste qui sert là-bas de terreau à la propagation de toutes sortes d'idées réactionnaires, de comportements rétrogrades comme le fanatisme religieux, l'ethnisme ou le chauvinisme.

C'est sur ce terreau que se développent les guerres ethniques qui saignent tant de pays d'Afrique et qui en aggravent encore la misère.

Le rôle abject de l'impérialisme français au Rwanda

Avec le temps qui passe, on apprend le rôle abject de l'armée française, de l impérialisme français dans le génocide ethnique au Rwanda. L'ethnisme est en lui-même un fléau mais lorsque les puissances impérialistes s'en mêlent avec les moyens dont elles disposent, cela donne le résultat catastrophique que cela a donné au Rwanda, que cela donne au Liberia ou au Sierra-Leone.

Car, au Rwanda, à la démagogie ethniste des cliques locales en lutte pour le pouvoir, s'est ajouté le calcul froid des militaires français pour faire de l'ethnisme un instrument politique. Et les troupes françaises présentes là-bas ont formé et armé la milice pro-gouvernementale qui allait déclencher et encadrer les massacres. Là encore, on va condamner quelques crapules qui méritent sans doute de l'être, mais les officiers supérieurs français qui ont aidé les massacres ethniques à se préparer, les hauts fonctionnaires des ministères qui les ont couverts sont toujours là.

La politique africaine de la France est faite de manipulations, de corruption et, quand cela ne suffit pas, de l'intervention militaire ouverte. Et, pour mener en permanence cette politique, il n'y a aucune différence entre la droite et les socialistes, si ce n'est que, bien souvent, les socialistes, de Guy Mollet à Mitterrand, se sont illustrés par la même ignominie et une hypocrisie plus grande. " [...]

Face à la mondialisation capitaliste la révolution prolétarienne internationale

[...] " Ce qu'on appelle aujourd'hui la mondialisation ne fait que continuer et aggraver les conséquences du fonctionnement du système impérialiste.

Et, là encore, cette mondialisation n'est pas seulement un phénomène économique lié à la levée des restrictions au commerce international. Les groupes impérialistes qui ont mis la main sur l'économie de la planète l'ont fait avec l'appui de la diplomatie et de l'armée de leur pays. Combien de dictateurs la France n a-t-elle pas suscités, armés et soutenus pour préserver son pré carré en Afrique ? Combien d'interventions militaires pour aider les Mobutu, les Bokassa, les Habré, à opprimer leurs peuples ?

Et lorsque aujourd'hui, on discute de l'éventualité de mettre en place une force d'intervention européenne essentiellement franco-allemande, c'est pour quoi faire, si ce n'est pour pouvoir continuer, au nom de cette coalition impérialiste qu'est l'Union européenne, le jeu politico-militaire de l'impérialisme français en Afrique, aux Antilles ou ailleurs ?

Car, mondialisation ou pas, la politique impérialiste reste la même. C'est toujours la politique des canonnières, même si, aujourd'hui, les canonnières sont remplacées par les avions gros porteurs ou des hélicoptères, et les fusilliers-marins par les parachutistes. [...] L'impérialisme, c'est l'exploitation, c'est l'oppression, mais c'est aussi la violence des guerres déclenchées par les grandes puissances pour préserver l'ordre impérialiste au Kosovo, en Irak.

Pour notre part, à la mondialisation capitaliste, nous n'opposons pas le repliement national mais la révolution prolétarienne internationale pour renverser la domination capitaliste sur le monde.

Le véritable problème de la société actuelle n'est pas la mondialisation car cela fait bien longtemps que l'économie mondiale forme en réalité un tout unifié. Le véritable problème, c'est la domination sur l'économie mondiale de quelques centaines de grands groupes impérialistes qui pillent à l'échelle de la planète et qui exploitent des travailleurs de toutes nationalités.

Alors, ce qui se passe en Afrique, en Asie, dans tous les pays sous-développés et exploités nous concerne. Parce que les trusts qui les pillent sont les mêmes que ceux qui nous exploitent. Alors, si nous avons une chance de nous opposer et de vaincre ces trusts, c'est ensemble, classes ouvrières de tous les pays.

Voilà le fondement de notre internationalisme ! " [...]

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