Les professeurs des lycées professionnels disent non à la charte d'allègre11/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1648.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les professeurs des lycées professionnels disent non à la charte d'allègre

Les enseignants des lycées professionnels étaient massivement en grève jeudi 3 février pour rejeter le projet de réforme dans les LP. Dans bien des lycées, la grève a été suivie à 90 %, ce qui ne s'était pas vu depuis des années.

Aussi, à Paris, la manifestation a rassemblé quelque 2500 personnes (un quart environ des enseignants de LP de la région parisienne !) qui sont allées crier devant le ministère : " Non à l'annualisation ", " Non à la flexibilité ", " Non à la précarité ", mais aussi " Non à l'école au rabais ".

Car c'est bien au détriment et des personnels et des élèves que s'appliquerait cette réforme qu'Allègre présente comme une avancée en arguant du fait que les 40 000 enseignants des filières industrielles (sur 60 000) actuellement à 23 heures passeraient à 18 heures... Il se garde bien d'insister sur le fait que ce ne serait qu'en 2005 et que de toutes façons, pour l'ensemble des enseignants, ce serait la flexibilité et l'allongement du temps de travail.

Prenant prétexte que les élèves de BEP et surtout de bac pro partent en stage, le ministère insiste sur les heures de cours non rendues. Il y aurait donc des heures à rendre d'une façon ou d'une autre. Cela pourrait se faire en prenant plus de classes, en complétant dans un autre établissement par exemple.

Allègre est passé maître dans l'art de faire dire aux chiffres, enlevés de leur contexte, ce qui va dans le sens de sa démagogie anti-prof. Si les enseignants ont un service sur la base de 18 heures de cours, le temps réel de travail est bien sûr beaucoup plus important. Il y a la préparation des cours, les corrections de copies, les rendez-vous avec les parents, les conseils de classe, sans parler des examens à préparer, surveiller et corriger. Et ces dernières années, le manque de moyens matériels et humains a contribué à augmenter la pénibilité et la charge de travail.

En fait le but de cette réforme est d'économiser le personnel en augmentant sa charge de travail. Avec l'annualisation et la flexibilité qui va avec, le nombre de postes devrait diminuer. Dans leurs interventions, Claude Allègre et Ségolène Royal annoncent un plan de lutte contre la violence à l'école en promettant plus de présence d'enseignants. En fait, les effectifs ne seront pas augmentés, mais le temps de présence des enseignants sera allongé. Déjà ont lieu des comptes d'apothicaires informels sur le temps de travail de telle ou telle catégorie d'enseignants. Selon le niveau de la classe, la matière enseignée, la comptabilité varierait. Il s'agirait ainsi de confier des heures de surveillance ou de tutorat à certains et à d'autres des cours supplémentaires.

Et il n'y a pas que sur les personnels que le ministère compte faire des économies : les heures de cours sont revues à la baisse au détriment de l'enseignement général.

Ce projet concerne aujourd'hui les LP. Mais le ministère ne fait pas mystère que la révision du statut pourrait bien s'étendre à l'ensemble du second degré où, là aussi, on parle d'augmenter le temps de présence des enseignants.

Conscients de servir de ballon d'essai, d'autant plus qu'ils ne représentent qu'une minorité des enseignants, ceux des LP ont bien l'intention de ne pas en rester là et de se faire entendre. Déjà dans la région parisienne, une assemblée générale des établissements s'est tenue après la manifestation, représentant quelque 110 établissements. Rendez-vous a été pris pour le mercredi de la rentrée (23 février) afin de préparer la riposte qui convient.

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