A l'usine Alstom de Saint-Ouen, à la suite de la découverte début janvier d'un projet de 184 suppressions d'emplois (sur 623 salariés), l'émotion n'est pas retombée. Après les assemblées générales massives qui ont suivi la révélation du plan, des actions se sont engagées.

La première semaine de février, la direction avait prévu une grosse opération de transport de trois " colis ", parmi lesquels un alternateur de 220 tonnes pour la centrale EDF voisine. L'opération devait être spectaculaire : le pont roulant sur la Seine, le déménagement de nuit avec blocage de la rue, convoi exceptionnel, escorte de police, ce devait être très impressionnant. Sauf que ce que n'avait pas prévu l'Alstom, c'est que les travailleurs de nuit qui étaient censés décharger le bateau en ont décidé autrement et se sont " inopinément " mis en grève.

Un responsable était venu avec sa femme pour lui montrer le spectacle. En fait de spectacle, ça a été rideau ! Voir leur tête, ça valait tout. Et pour bien leur faire comprendre que, sans le travail des ouvriers, rien ne pouvait se faire, on a remis ça le lendemain.

La direction a voulu faire faire le travail par l'équipe de jour. Mais on s'est vite rassemblés et on leur a joué la même scène. Et dans la foulée, mardi 8 février, on a bloqué la salle des essais à tour de rôle, histoire d'enfoncer le clou.

Pour la semaine prochaine, il est prévu d'aller à la direction générale à Paris, pour lui faire savoir de vive voix que l'on ne veut pas de son plan de suppressions d'emplois.

Il y a d'ailleurs des chances que nous ne soyons pas seuls. Car Alstom comme ABB Alstom Power (le groupe formé d'une fusion récente d'un secteur d'Alstom avec le groupe allemand ABB) programment des suppressions d'emplois dans différents sites. Même si les prétextes varient, la raison de fond est toujours la même : baisse des coûts, hausse de la productivité et des profits. Un air connu.

En un mot, ils veulent nous mettre dehors. On fera tout pour les en empêcher.