Plan Jospin contre l'effet de serre : Aux patrons le droit de polluer, aux salariés le droit de payer...28/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1646.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Plan Jospin contre l'effet de serre : Aux patrons le droit de polluer, aux salariés le droit de payer...

Lionel Jospin a choisi d'annoncer en personne le " programme français de lutte contre le changement climatique " destiné à lutter contre l'effet de serre, afin de donner à l'événement une solennité et une importance que ne justifie guère le contenu de ce " plan ".

Constatons que si Jospin fait semblant de se préoccuper du réchauffement de la planète, il est soucieux de ne pas se mettre en froid avec les patrons de l'industrie. Car ce n'est pas ce plan qui les empêchera de continuer à polluer en toute quiétude. Côté consommateurs, automobilistes, en échange, les prélèvements, les " écotaxes " vont augmenter : de ce point de vu là, pas besoin d'être météorologue pour constater que le sens du vent ne change pas.

" Notre compétitivité doit être sauvegardée, en même temps que notre engagement dans le maintien des grands équilibres écologiques " a affirmé Jospin pour garantir aux patrons qu'il était hors de question de toucher à leur profit. Il est bien question d'une taxe sur l'énergie où tout rejet de carbone dans l'atmosphère serait taxé à partir de 2001. De 150 F à 200 F la tonne au début, cette taxe pourrait atteindre 500 F la tonne en 2010. Mais le gouvernement s'est empressé de déclarer que les dégrèvements de charges sociales annuleront globalement le poids de cette taxe. Les grosses entreprises de certains secteurs, comme la sidérurgie, la chimie, la papeterie et le verre, qui consomment énormément d'énergie et rejettent beaucoup de gaz polluants, s'inquiètent ou font semblant. Comme elles emploient relativement peu de personnel, elles craignent que les dégrèvements de charges soient insuffisants pour compenser les pénalités. Qu'à cela ne tienne ! Sans doute pour détendre l'atmosphère, le plan Jospin prévoit qu'elles pourront " bénéficier d'une atténuation du montant de la taxe ".

Plus fort encore, le plan prévoit de mettre en application les fameux permis de polluer. Le principe est simple : les entreprises grosses pollueuses auraient droit à un certain volume d'émissions de gaz. Mais elles pourraient dépasser ce seuil sans être taxées ou sanctionnées en achetant un " permis d'émission " à des entreprises restant sous le niveau de pollution autorisée. Des négociations sont donc en cours pour permettre un marché et un règlement international de ces permis de polluer. Pourquoi pas une cotation en Bourse ? Autant dire que l'irresponsabilité et la pollution ont de beaux jours devant elles.

En fait, derrière les mots et les déclarations, il n'y a aucune volonté de s'en prendre au droit des capitalistes de polluer à leur guise notre environnement. Pourtant, l'industrie représente la première cause de ce type de pollution, avant même celle des transports. Mais, pour Jospin, les profits industriels sont intouchables et les entreprises un sanctuaire inviolable.

On ne peut pas en dire autant du porte-monnaie des salariés et consommateurs. La taxe sur l'énergie s'appliquera au gaz, à l'électricité, au fioul domestique, donc pour le chauffage, et, bien sûr, aux carburants des stations-service. Le gazole augmentera de 7 centimes par an pendant sept ans. Le super devrait, lui, augmenter de 3,5 centimes par an pendant 10 ans, suite aux effets de cette taxe. En bref, avec ce programme, les travailleurs non seulement seront toujours pollués mais ils seront encore plus rançonnés. Jusqu'au jour où cette politique finira par provoquer un changement de climat... social !

Partager