Voir : Ressources humaines de Laurent Cantet21/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1645.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Voir : Ressources humaines de Laurent Cantet

Ce film, diffusé à la télévision sur Arte, vendredi 14 janvier, est sorti le lendemain dans quelques salles de cinéma. Ce qui est peu habituel.

Peu habituel aussi, et cela vaut bien plus encore d'être relevé, le fait que ce film traite de la vie des travailleurs au quotidien, à l'usine et après le travail. On y montre des ateliers où le bruit est tel qu'il faut hurler pour se faire entendre, où s'échinent des ouvriers rivés à leur machine, où le moindre relâchement, quelques mots échangés de temps en temps, signifient qu'il va falloir accélérer la cadence pour rattraper le temps de production perdu. Le film montre le harcèlement et l'arrogance du contremaître faisant pression pour que la production ne faiblisse pas. Certains travailleurs ne sont pas dupes et résistent à leur façon à toutes ces pressions. D'autres cèdent, pour qui le travail, l'usine, constituent toute la vie.

Le film met également en scène des militants syndicaux et, en particulier, la représentante de la CGT dans l'entreprise, présentée certes sans guère de nuances, mais qui apparaît finalement au fil de l'histoire comme la plus lucide de tous face à la politique de la direction. Car en contrepoint, apparaît l'autre camp, celui de la direction, avec un directeur bien campé, sûr de lui, masquant sa rouerie derrière le paternalisme, mais qui sortira de ses gonds lorsque ses calculs seront mis à jour. Il apparaît là, entouré de cadres comme on en rencontre dans toutes les entreprises, ne songeant guère à remettre en question leur rôle au service de la direction et de sa seule préoccupation de rentabilité.

Tout cela sonne vrai. Mais le film n'est pas seulement un documentaire sur la vie ouvrière. Il raconte aussi une histoire particulière, de façon sensible et parfois émouvante.

Frank, jeune diplômé, revient dans sa ville natale effectuer un stage de directeur des ressources humaines dans l'usine où travaille son père, ouvrier proche de la retraite. Il arrive au moment où la direction entend mettre en application les 35 heures. Plein d'illusions sur ses capacités et sa mission, il est en fait flatté et manipulé par le patron, qui s'apprête à licencier 12 personnes, dont son propre père...

A travers l'expérience que le jeune Frank acquiert de ce qu'est l'exploitation, de ce qu'est un patron, le film nous plonge dans les problèmes très actuels auxquels sont confrontés les travailleurs, y compris les fameuses 35 heures à la sauce Aubry.

La plupart des personnages du film ne sont pas des comédiens professionnels mais des travailleurs ou des chômeurs, qui jouent en quelque sorte leur propre rôle. Le réalisateur expliquait d'ailleurs dans une interview qu'ils lui disaient lors de certaines scènes s'il était ou non " à côté de la plaque ". C'est peut-être cela qui contribue à en faire un film qui parle vrai, à voir absolument.

Partager