La caravane publicitaire de Jospin en tournée dans la banlieue parisienne21/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1645.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La caravane publicitaire de Jospin en tournée dans la banlieue parisienne

Décidément le bain de foule fait partie d'un rituel obligé pour les ministres. Tous doivent y passer, et Jospin n'y déroge pas. Après avoir failli se souiller les souliers sur les plages mazoutées de Bretagne, après les poignées de mains aux victimes de la tempête, les encouragements conventionnels aux ouvriers d'EDF, Jospin est allé s'encanailler en banlieue. Mais dans un cadre bien protégé. Courageux, mais pas téméraire, notre Premier ministre !

Il prétendait manifester sa solidarité avec la population des quartiers difficiles dans la ville, savamment choisie, de Gennevilliers, dans la banlieue parisienne. Pour l'accompagner dans ce déplacement, Jospin avait embarqué dans sa suite quelques ministres, Bartolone, Allègre, Ségolène Royal, et nombre de journalistes, afin que cette rencontre ne passe pas inaperçue.

Jospin a donc passé quelque temps avec des lycéens du lycée Galilée de Gennevilliers et même partagé un repas à la cantine scolaire de l'établissement. Entre le fromage et le dessert, il a pu broder sur " les filières d'excellence qui doivent, comme dans votre établissement, bénéficier aux lycées des quartiers difficiles. " Qu'est-ce que cela signifie, comment y parvenir ? Il s'est gardé de le préciser. Suivez son bleu regard, fixé sur l'horizon des futures élections présidentielles. Par contre il a été plus précis à une remarque pertinente d'une lycéenne qui lui a lancé : " Vous dites que le chômage recule, mais il y a aussi plus de précarité ". " Un CDD, c'est mieux que le chômage ", a rétorqué Jospin, qui n'est pas à une banalité près. Et perdre un bras, mieux que d'en perdre deux !

Après les lycéens, Jospin n'a pu éviter de rencontrer les travailleurs d'ETG-Chausson venus exprimer leurs protestations (voir notre article). Après quoi il s'est dirigé avec son escorte dans le quartier du Luth, pour y rencontrer les habitants d'une des cités parmi les plus défavorisées de la région parisienne. Là encore, Jospin y est allé de son laïus démagogique sur la lutte contre les discriminations, l'exclusion et l'insécurité.

Toute cette opération paraît bien dérisoire. Jospin a paraît-il choisi le 14 janvier pour rappeler qu'il y a juste un mois son gouvernement lançait son programme de développement des villes centré autour de 50 grandes projets de ville (GPV). Le gouvernement avait alors annoncé le déblocage d'une aide de 6 milliards de francs de subventions pour favoriser la création d'emplois dans les quartiers en crise. Mais sans en préciser les modalités et les échéances.

Rien de franchement nouveau. Déjà la droite s'y était essayée. En 1996 elle avait lancé un autre dispositif susceptible de concourir au développement des quartiers dits " sensibles ". Cela avait abouti à la mise en place de 44 zones franches urbaines. Une politique d'allégement de la fiscalité devait fixer des entreprises et des commerces. Résultat : les " chasseurs de primes " sont arrivés, mais pas les emplois.

La caravane publicitaire de Jospin aura beau sillonner tous les quartiers difficiles de la banlieue parisienne et d'ailleurs, il y a malheureusement fort à parier qu'elle n'accouchera pas de grand-chose. Et de toute façon, pas de quoi permettre à ces zones socialement sinistrées de cesser de l'être.

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