Hospices Civils de Lyon : Le mécontentement grandit21/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1645.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hospices Civils de Lyon : Le mécontentement grandit

L'annonce par l'Agence Régionale de l'Hospitalisation (ARH) de l'amputation de 57 millions sur le budget 2000 des Hospices Civils de Lyon (HCL), avec comme conséquence la disparition de 200 postes, sera peut-être le déclic qui déclenchera la mobilisation des agents hospitaliers des hôpitaux lyonnais.

Car même si l'ARH est revenue - partiellement - sur sa décision et a remis sur la table 24 millions, cela ne fait toujours pas le compte. Elle envisage toujours de supprimer 62 postes, qui s'ajouteraient aux 160 autres disparus depuis trois ans, sans compter les réductions imposées dans les dépenses médicales et pharmaceutiques, plus particulièrement dans les laboratoires. Et cette politique de diminution budgétaire systématique, accompagnée de suppressions de postes, devient de moins en moins supportable.

Cela a commencé par l'hôpital Henry-Gabrielle - petit hôpital des HCL de 400 agents accueillant des malades gravement accidentés à des fins de rééducation fonctionnelle - dans lequel la direction des HCL a décidé de fermer définitivement les laboratoires, un service de chirurgie et de diminuer les effectifs, en particulier dans les services de logistique. Plusieurs assemblées générales se sont tenues en décembre, rassemblant à chaque fois de 60 à 70 personnes - ce qui est beaucoup pour un petit établissement - et la grève reconductible a été décidée à partir du mardi 11 janvier. L'objectif est de tenter d'entraîner les autres hôpitaux des HCL dans le mouvement, pour exiger une rallonge budgétaire à la hauteur des nécessités.

L'hôpital Lyon-Sud fut le premier hôpital " visité " par les grévistes : tour des services, discussions pour convaincre les agents de les rejoindre l'après-midi à la manifestation prévue devant la direction générale. Plusieurs centaines d'agents de différents hôpitaux lyonnais se retrouvèrent ainsi pour exprimer leur colère et obligèrent la direction à les recevoir tous. Ce qui permit à tous les présents de dénoncer, en face du directeur général, les conditions de travail qu'ils endurent depuis des années et qui deviennent insupportables.

Des agents des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot stigmatisèrent les conditions d'accueil dans leur service : jusqu'à 25 malades en attente sur les couchettes pendant 24 heures ; transfusion sanguine réalisée dans les couloirs ; absence chronique de personnel. Et d'annoncer qu'eux aussi avaient décidé la grève reconductible à partir du mardi 18 janvier, soutenus par les médecins urgentistes.

D'autres agents des urgences pédiatriques du même hôpital rappelèrent qu'ils recevaient en moyenne 120 enfants par jour et qu'aucun lit d'hospitalisation n'était disponible sur la région. Des infirmières de l'hôpital Debrousse (hôpital pédiatrique) dénoncèrent le surcroît de travail dû au manque de personnel, beaucoup ne tenant le coup qu'avec des calmants.

La seule remarque que fit le directeur général, sous la réprobation des manifestants, fut d'affirmer que, si les conditions de travail mettaient en danger les patients, il fermerait tout simplement des lits. C'est en effet qui est un moyen radical... d'évacuer le problème !

Car le constat est évident : dans bien des services, c'est la même situation scandaleuse. Le manque de personnel est tellement important que les déplacements d'un service à l'autre pour boucher les trous sont monnaie courante. Le rappel des agents en repos ou en congés est quasi systématique, voire obligatoire. Ceux qui travaillent habituellement en 8 heures se voient imposer des remplacements en 12 heures. Pour dépenser le moins possible, l'administration dispose d'un volant d'infirmières intérimaires à qui on fait appel en cas de besoin, même pour quelques heures.

Cette pénurie chronique de personnel est à mettre en parallèle avec les très gros moyens fournis récemment par les hôpitaux lyonnais pour réaliser une double greffe des mains : pas moins de 50 personnes (aides-soignants, infirmières, médecins anesthésistes et 18 chirurgiens) ont été mobilisés pour cette opération. Mais là, c'est l'hôpital spectacle et une opération de prestige. Le quotidien, lui, n'a droit qu'à la grisaille et aux difficultés.

Cette situation n'est pas nouvelle, on la connaît depuis des années. Mais ce qui est nouveau, c'est qu'elle ne semble plus être une fatalité contre laquelle on ne pourrait rien faire d'autre que d'accepter et de subir. Les mouvements de grève et les manifestations des hôpitaux parisiens de décembre dernier y sont bien sûr pour quelque chose, car ils ont montré qu'il était possible de réagir et cela a commencé à redonner le moral.

A Lyon, l'ensemble des syndicats appelle tous les hospitaliers des HCL à une première journée de grève le mardi 18 janvier, pour exiger de l'ARH des crédits supplémentaires. Mais pour beaucoup, la journée de grève programmée le vendredi 28 janvier devrait être un temps fort de la mobilisation, car c'est une grève nationale qui concernera tous les hôpitaux du pays, et beaucoup sont conscients que seule une riposte d'une telle envergure permettra de mettre un coup d'arrêt à la politique de restriction budgétaire que les gouvernements, quels qu'ils soient, ont menée depuis de trop nombreuses années dans la Santé.

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