Brandt-Cooking (ex-CEPEM) - Orléans : Contre les 35 heures du patron21/01/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/01/une-1645.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Brandt-Cooking (ex-CEPEM) - Orléans : Contre les 35 heures du patron

Depuis mercredi 12 janvier, c'est la grève à l'usine Brandt-Cooking (ex-CEPEM) à Orléans contre un accord sur les 35 heures que la direction espérait bien faire passer. Cet accord, présenté avant les congés de fin d'année, mécontentait tellement tous les salariés que même la CFDT, d'habitude très compréhensive pour les intérêts du patron, n'a pas osé signer. Seule la CGC donnait sa signature le 17 décembre. Quant aux autres syndicats, CGT, CFTC et FO, ils appelaient à un débrayage qui a été massivement suivi.

Nous sommes pour la plupart (tous ceux qui sont en équipe) déjà à 35 heures. Depuis plusieurs années, nous sommes au régime flexibilité, tantôt modulation basse, tantôt modulation haute, obligés de récupérer quand ça convient au chef. Nos congés sont bloqués, seulement 3 semaines en été, à cheval sur juillet et août.

Avec le projet des " 35 heures ", ça ne fait qu'empirer. Ceux qui sont déjà à 35 heures voient leur temps de travail augmenter de 13 minutes par jour. Ils ont 1 % d'augmentation pour l'année. Ceux qui sont à 38 h 30 aujourd'hui et qui " passent à 35 heures " ont une réduction de travail de... 8 minutes par jour ! Et leur salaire est bloqué pour 2 ans. Des jours de récupération sont prévus, 7 jours, mais ce ne sont pas des jours dont on pourrait disposer, ce sont des jours que la direction nous donnerait quand ça l'arrange, elle. Les congés restent à la discrétion du patron. Les jours de fractionnement, on n'a plus droit qu'à un seul au lieu de deux. Quant à l'embauche, la direction ne s'engage qu'à 20 embauches, dont 10 ouvriers, mais sans promettre de maintenir l'effectif.

Qu'on soit à sa disposition, on l'a compris depuis longtemps, c'est ce que veut la direction. Tous les ans, elle sort de nouvelles attaques. Et la crainte, c'était que la CFDT finisse par donner elle aussi sa signature, comme elle l'avait annoncé.

Une pétition contre l'accord avait déjà rassemblé 400 signatures (nous sommes un peu plus de 800 en CDI). Le mercredi 12 janvier, la CGT, la CFTC et FO ont appelé à un nouveau débrayage. Et là, la grève a été votée. Depuis, tous les jours, une centaine de travailleurs par équipe entretient un feu de palettes à l'entrée de l'usine. Vendredi 14 au matin, on apprenait que la CFDT avait signé l'accord, la veille, en secret. Les travailleurs étaient écoeurés, beaucoup se disaient démoralisés. Mais comme finalement ces mêmes travailleurs restaient devant la porte, la direction pouvait bien avoir sa signature, ce n'est pas avec ce bout de papier qu'elle pouvait assembler ses cuisinières !

Tout le monde n'est pas en grève. Ou bien certains font grève une journée et pas l'autre. Mais tout le monde se sent solidaire. Et dans l'usine, il y a une sacrée pagaille, la plupart des chaînes étant arrêtées faute de pièces.

Il y a deux ans, il y avait eu une grève d'une journée. Le sentiment c'est que cette fois-ci, il faut tenir bon, on a assez reculé, il faut mettre un coup d'arrêt à toutes ces attaques. Jamais ça ne s'était fait auparavant de défiler dans les ateliers, dans les bureaux. Et quoi qu'il se passe, c'est quelque chose que les travailleurs n'oublieront pas.

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