Leur société

DSK : La vie dorée d'un larbin de luxe

Rattrapé par les " affaires ", le ministre de l'Economie et des Finances, Strauss-Kahn, a dû démissionner. Ce qui lui était formellement reproché, c'est d'avoir fabriqué (ou laissé fabriquer) des documents pour justifier après coup ses honoraires. Mais les projecteurs braqués sur lui ont mis en lumière ce que peuvent être les occupations d'un ex-ministre. C'est instructif, car on y voit que si ces gens-là agissent au profit des patrons quand ils sont au pouvoir, ce n'est pas un hasard : nombre d'entre eux font métier, et c'est en général parfaitement légal, d'intercesseurs entre les hommes d'affaires.

Aux législatives de 1993, Strauss-Kahn avait perdu en même temps son siège de député et son poste de ministre de l'Industrie. Commença pour lui une " traversée du désert " de quatre ans. Traversée bien irriguée financièrement, grâce au copieux carnet d'adresses qu'il s'était constitué.

Ainsi il créa le Cercle de l'Industrie, dont le nom évoque habilement le ministère de l'Industrie, qu'il venait de quitter. Le président en était Raymond Lévy, ex-PDG de Renault. On y retrouvait les ex-ministres de droite Poniatowski et Fourcade. L'objectif de ce Cercle était de défendre à Bruxelles les intérêts des patrons français et de leur faciliter les contacts au niveau européen. La cotisation annuelle à ce club était de 200 000 F pour les vingt-trois premiers patrons adhérents.

Quand, en 1997, Strauss-Kahn quitta son poste de vice-président de ce Cercle, il y fut remplacé par Alain Lamassoure, ancien ministre du Budget de Juppé. Puis, ce fut le centriste Jacques Barrot, ancien ministre du Commerce de Raymond Barre et ancien ministre du Travail de Juppé, qui prit la succession.

Ses relations avec les milieux d'affaires, Strauss-Kahn les utilisa aussi à titre plus personnel encore : pour le cabinet de consultants qu'il monta en 1993 et le cabinet d'avocats qui le remplaça en 1994. C'est à ce titre qu'il s'entremit entre la MNEF et la Générale des Eaux (actuellement Vivendi), entremise qui, après lui avoir rapporté 600 000 F, lui vaut ses actuels ennuis. Mais il fut aussi, dans la même période, au service de la Sofres, de Lafarge, ainsi que d'EDF et de la Cogema, chaque fois avec des honoraires confortables. Pour la Cogema, par exemple, qui est spécialiste de l'énergie nucléaire, il avait pour tâche de contacter et d'influencer les responsables sociaux-démocrates mais aussi ceux des Verts allemands.

Ces activités au service des grands groupes sont parfaitement légales - à condition de ne pas les justifier par de faux documents. C'est ainsi que fonctionne le monde des politiciens, de droite mais aussi de gauche. Et on constate chaque fois que les luttes de cliques et de clans les amènent périodiquement à se dénoncer mutuellement.

Mais pour quelques millions peut-être empochés par un Strauss-Kahn, combien de milliards sont accumulés par les Vivendi, Lafarge et autres ?

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