Dans les régions, dans les départements, pour imposer l'interdiction des licenciements manifestons nombreux le 11 décembre19/11/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/11/une-1636.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Dans les régions, dans les départements, pour imposer l'interdiction des licenciements manifestons nombreux le 11 décembre

L'émotion provoquée par ce que l'on a appelé " l'effet Michelin " puis par l'annonce par Renault de la suppression de 21 000 emplois dans les usines Nissan, pas seulement au Japon mais aussi en Europe, est peut-être retombée, mais en tout cas pas oubliée. Ni par les travailleurs concernés, ni par ceux qui risquent de l'être demain, car qui peut savoir si, demain, ou plus tard, son emploi ne se retrouvera pas supprimé, les effectifs de son entreprise réduits, ou même celle-ci rayée de la carte ?

C'est que la liste des plans dits sociaux est loin d'être close. Rien qu'en Seine-Saint-Denis, les principales entreprises du département sont concernées, HMR (Hoechst Marion Roussel) à Romainville, Alstom, ELM-Leblanc et d'autres moins connues. Mais il en est de même partout en France. Dans toutes les régions, les départements, les villes, de telles situations existent.

L'effet Michelin n'est pas une péripétie exceptionnelle par qui le scandale est arrivé, il est l'expression d'une politique commune à tout le patronat qui se traduit par des milliers de chômeurs nouveaux qui viennent grossir la cohorte des millions de sans-emploi. Tandis que ceux qui gardent un emploi voient les cadences, les conditions de travail devenir chaque jour plus dures. Car, en dépit des communiqués de victoire de Martine Aubry, qui ne convainquent ni les travailleurs ni les chômeurs, et pour cause, le chômage ne régresse guère que dans les statistiques officielles, tandis que la pauvreté, elle, s'accroît dans les milieux populaires.

La nécessité de mettre un coup d'arrêt à cette dégradation des conditions d'existence de la population laborieuse reste impérieuse.

Le 16 octobre, à l'initiative de la direction du PCF, une première riposte, au plan national a eu lieu, à laquelle Lutte Ouvrière et d'autres organisations se sont associées parce que c'était l'occasion de faire entendre aux patrons, et du même coup à Jospin, qu'il n'était pas question de leur laisser les mains libres pour continuer à s'en prendre aux conditions d'existence du monde du travail, qu'ils disposent ou pas d'un emploi. Cette manifestation a été une réussite. Elle a permis de montrer que nombreux étaient, au sein de la classe ouvrière, ceux qui n'étaient pas décidés à baisser les bras.

Certes, aucun de ceux qui ont manifesté le 16 octobre n'avait l'illusion qu'une simple manifestation, même réussie, suffirait à faire reculer le patronat et à imposer au gouvernement de " réguler " pour reprendre le mot de Jospin, les mesures patronales en faveur des travailleurs. Cette manifestation n'avait de sens que si elle constituait un premier pas, dans une démarche qui permettrait à chaque fois que plus nombreux soient les travailleurs qui expriment à la fois leur refus du chômage et des licenciements qui l'alimentent, mais en même temps leur volonté d'imposer un coup d'arrêt à la politique dévastatrice du patronat.

Ce premier pas appelle donc une suite qui permette à tous ceux qui avaient occupé les rues de Paris le 16 octobre de manifester plus nombreux encore. Prolongeant cette journée, une journée d'action est organisée le samedi 11 décembre prochain, à l'initiative du PCF, auquel se joint, comme le 16 octobre, et dans le même esprit, Lutte Ouvrière.

Des manifestations sont prévues, ce jour-là, au niveau des régions, des départements et des villes importantes qui doivent permettre de se retrouver plus nombreux encore, car il n'y aura pas cette fois la difficulté que constituait le voyage à Paris. Il faut que partout dans les entreprises et dans les quartiers, les militants préparent cette journée pour en faire une réussite, qui ouvre les possibilités d'une riposte plus large encore.

Il n'est pas vrai que les patrons seraient tout puissants face à la classe ouvrière réduite à l'impuissance, condamnée à subir éternellement. Les travailleurs ont les moyens d'agir pour inverser le rapport de forces en leur faveur et pour imposer, au travers d'une lutte d'ensemble, l'interdiction totale des licenciements, sous peine de réquisition des entreprises qui licencient et qui font des profits. Mais aussi imposer que les travailleurs, les usagers, les consommateurs et leurs représentants puissent prendre connaissance des comptes des entreprises, des comptes des gros actionnaires, afin de découvrir et de rendre publics les arrangements, les combines, qui se réalisent derrière le secret commercial et bancaire. On s'apercevrait alors que de l'argent il y en a, plus qu'il n'en faut pour satisfaire les légitimes exigences du monde du travail.

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