SNECMA : Accord sur la RTT sans création d'emplois ni réduction journalière22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNECMA : Accord sur la RTT sans création d'emplois ni réduction journalière

Dans le groupe Snecma, l'accord sur la RTT (réduction du temps de travail) a été signé le 28 septembre dernier par quatre syndicats sur cinq (CFDT, CGC, FO, CFTC). La CGT, refusant de le signer.

Après des mois de tergiversations, la direction générale, au mois d'avril dernier, proposait un premier accord associant les départs en PRP (préretraite progressive) à la RTT. En fait, cela n'a rien à voir avec une réduction réelle du temps de travail puisque tout le monde gardait son horaire actuel (38 heures). Les équipes devaient toucher une prime de 350 F au titre de la RTT. La direction s'engageait à procéder à 200 embauches, mais en contrepartie d'une modération salariale. Par ailleurs, la PRP prévoyait 1 000 départs qui n'étaient compensés que par 500 embauches. Au bout du compte, on se retrouvait avec une baisse des effectifs de 300 salariés. La réaction des travailleurs du groupe fut unanime : en juin, trois journées de grève avec manifestations amenèrent la direction à revoir sa copie.

Début juillet, elle proposait une dernière mouture de son plan aux syndicats. L'horaire était ramené à 36 heures et pas 35. Au titre de la RTT, elle attribuait 11 jours de congés supplémentaires à tout le monde (12 jours si on compte tous les ponts payés). Sur ces 11 jours, 3 jours restaient à la disposition de l'entreprise. Les embauches passaient à 400 Mais elle maintenait la modération salariale de 1,15 % sur trois ans, ce qui signifiait que les augmentations générales annuelles étaient amputées de 0,38 % jusqu'en 2002 et ce, faut-il le préciser, dans une entreprise qui annonce 1,6 milliard de bénéfices. Pour la PRP, c'était le statu quo par rapport au premier projet : 1 000 départs et 500 embauches, soit deux départs pour une embauche. Ce second projet se soldait encore par une baisse d'effectifs de 100 salariés.

Le 11 juillet, la CFDT, persuadée qu'elle obtiendrait un plébiscite pour la signature, décidait de consulter les salariés de tous les centres, sauf celui de Gennevilliers. Mais surprise pour elle, sur les 67 % de salariés consultés, 53 % votèrent contre l'accord ! Dans certains centres, à Corbeil en particulier, des réactions hostiles visèrent les syndicats favorables à la signature comme la CFDT. Du coup, le 12 juillet la direction n'obtenait aucune signature syndicale.

Après les vacances, la direction revenait à la charge et proposait 500 embauches (au lieu de 400) liées à la RTT. Mais sur le fond, rien de nouveau : pas de réduction journalière du temps de travail, pas de créations d'emplois et toujours la contrainte d'une modération salariale.

Sur l'usine de Corbeil, la CFDT mettait alors tout son poids pour présenter l'accord comme " un acquis exceptionnel du monde du travail ". Elle organisait un référendum sur l'usine, avec des questions piégées comme " Etes-vous pour 1 000 embauches et 12 jours de congés ? " ou encore " Etes-vous contre 1 000 embauches et 12 jours de congés ? " N'importe quel salarié pouvait voter autant de fois qu'il le souhaitait, à la sortie de la cantine, aux portes de l'usine, etc.

Finalement, à l'échelle du groupe, la CFDT signait l'accord fin septembre. La CGT s'y refusait, dénonçant les points négatifs de l'accord.

Aujourd'hui, le sentiment général des travailleurs de la Snecma est partagé. Beaucoup ont craint que la seconde loi Aubry n'aggrave les choses, estimant que cet accord est un moindre mal. Mais une minorité combative est consciente que cet accord renforce le patronat et conforte le gouvernement, au détriment des travailleurs.

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