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Portugal - élections législatives : Le bloc de gauche

Le Bloc de Gauche (BE, Bloco de Esquerda) est né au début de 1999, de la fusion de trois formations qui continuent toutefois d'exister de manière indépendante, pour le moment. C'est un nouveau parti, et non une alliance électorale comme la loi portugaise les autorise (le PC portugais, par exemple, se présente généralement aux élections sous le nom de la CDU, l'Alliance démocratique unitaire, dont il forme la quasi-totalité des forces militantes et électorales). Le Bloc est apparu en vue des élections européennes, où, en obtenant 1,9 % des voix, il n'a eu aucun député européen. Car il n'y a que 30 postes à pourvoir pour le Portugal. Les résultats à Lisbonne dépassaient déjà les 3 %.

Les trois composantes du Bloc sont l'UDP, le PSR et Politica XXI.

L'UDP (Union Démocratique Populaire) est issue du courant maoïste des années 1970, de sa partie la plus ouvrière et la moins anti-PCP. Elle dispose encore d'une certaine base ouvrière et populaire, en particulier parmi des responsables syndicalistes de base. Elle est représentée à la direction nationale de la CGT portugaise. Elle se réclame du marxisme et laisse percer une sensibilité nationaliste. Elle avait eu un député à la Constituante en 1975, avec 0,69 % des voix. Son porte-parole national, le major Tomé, a déjà siégé plusieurs fois au Parlement, mais la dernière fois il avait été élu sur une liste d'alliance avec le PCP. Luis Fazenda, élu second sur la liste à Lisbonne, est le secrétaire général du parti.

Le PSR (Parti Socialiste Révolutionnaire) est une organisation trotskyste, section portugaise du Secrétariat unifié de la IVe Internationale, organisation soeur donc de la LCR française. Plutôt influent parmi les intellectuels et les étudiants, les candidats qu'il a présentés dans le passé étaient médecins, psychiatres, acteurs, chanteurs, économistes, architectes. Il intervient sur le terrain de la lutte antifasciste, des luttes des femmes, des droits des homosexuels. Francisco Louça, tête de liste à Lisbonne et élu député, est une figure connue dans les médias. Quand Le Pen était il y a quelques années venu faire une conférence à Lisbonne, il avait réussi à y intervenir et à lui dire vigoureusement son fait, devant les caméras et toute la presse. Le PSR, tout comme l'UDP, est représenté au Conseil municipal de Lisbonne, tous deux élus en alliance avec le PS et le PC contre la droite.

Politica XXI est un groupe peu structuré d'intellectuels qui se sont éloignés du PC. Leur chef de file est Miguel Portas, le porte-parole national du Bloc, qui à Porto a manqué de peu d'être élu.

Les revendications essentielles du Bloc, qui est de tonalité très anti-Maastricht, sont : la dépénalisation de l'avortement (un référendum sur ce thème n'a pas obtenu la majorité), une réforme fiscale (incluant la taxe Tobin, un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes et la création d'une CSG), la justice sociale et les droits des travailleurs, en particulier la limitation des emplois précaires et les 35 heures sans baisse d'effectifs ou de salaire (mais donnant droit pour les entreprises à des réductions d'impôts), et la dépénalisation des drogues.

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