Journée contre la misère : Pour en finir avec elle, il faut s'en prendre à ceux qui la créent22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Journée contre la misère : Pour en finir avec elle, il faut s'en prendre à ceux qui la créent

Dimanche 17 octobre a eu lieu " la 12e Journée contre la misère " créée à l'initiative de l'association caritative ATD-Quart Monde. Cette journée a été l'occasion de s'apitoyer sur les misères du monde et dans le monde.

A cette occasion, on a entendu Chirac, pas gêné, dire quelques mots sur la " fracture sociale " qu'il avait quelque peu négligée, même en parole, depuis son élection. Il a même émis le souhait " que cette journée mondiale du refus de la misère... soit celle de la prise de conscience, de l'action et des succès partagés " ! Rien que ça !

Cette misère, elle est présente partout, partout elle crève les yeux. Les trois quarts de l'humanité vivent avec moins de 10 F par jour. Des millions d'enfants à travers le monde sont exploités, et sont contraints de travailler pour survivre et permettre à leur famille de subsister, et cela en dépit des bons sentiments qui figurent dans les conventions sur les droits de l'enfant.

En France le gouvernement a fait voter en 1998 une loi contre ce qu'on appelle désormais l'exclusion, ce seul mot étant déjà en soi un aveu et une dérobade. Mais même sur ce terrain, selon les associations d'aide, il y a loin entre les intentions affichées et la réalité. Une triste réalité qui se manifeste, y compris dans les détails. Ce sont, par exemple, les comptes bancaires prévus pour les bénéficiaires du RMI que les banques refusent d'ouvrir. Ce sont les travailleurs en CES qui ne trouvent pas un travail de complément, que pourtant, sur le papier, on leur tolère désormais. Pire, nombre d'entre eux se retrouvent chômeurs à l'issue de leur contrat. Ce sont aussi ces jeunes de moins de 25 ans qui ne peuvent bénéficier du RMI, qui se trouvent au chômage ou dans des emplois précaires.

Pourtant cette misère évoquée dans les médias l'espace d'un dimanche n'est pas une fatalité. Elle ne tombe pas du ciel comme ces calamités naturelles devant lesquelles on ne peut rien faire.

Ce sont les riches, les exploiteurs qui fabriquent par charretées entières les chômeurs, en supprimant des dizaines de milliers d'emplois chaque mois, dans leurs entreprises, qui laissent sur le carreau des jeunes qui ne peuvent trouver de travail. Ce sont ces mêmes capitalistes qui ont raflé, durant des décennies, les richesses de continents entiers, comme l'Asie, l'Afrique, l'Amérique latine, n'y laissant que la désolation et la misère sans fard, une misère à nu. La misère, ils l'ont créée, ils la créent tous les jours ! On ne pourra l'éradiquer sans s'en prendre à ce système, à ceux qui l'organisent, et qui en profitent. Tant que ces parasites resteront en place, on organisera, annuellement, une journée contre la misère, comme on organise chaque année une journée de la femme, parmi d'autres manifestations symboliques. Sauf que de la misère et surtout de l'injustice peuvent naître la colère et la révolte. Une colère et une révolte qui, en balayant les responsables, balaieront la misère, et du même coup tout ce rituel de compassion inopérant.

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