Guadeloupe et Martinique : Les travailleurs s'opposent à la loi des patrons22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Guadeloupe et Martinique : Les travailleurs s'opposent à la loi des patrons

En Guadeloupe et en Martinique,les travailleurs manifestent depuis plusieurs semaines. Ils n'acceptent pas que les patrons imposent leur loi en s'en prenant aux travailleurs combatifs, aux syndicalistes, et multiplient les manoeuvres d'intimidation.

En Martinique, si le conflit qui touchait les magasins Roger Albert a trouvé une issue après plus de quatre mois de grève, celui du garage Toyota dure toujours. Ce conflit a démarré le 25 mai, lorsque les travailleurs de l'entreprise ont réclamé qu'une part des bénéfices réalisés leur soit redistribuée sous forme d'augmentation de salaire.

Depuis, le patron campe sur sa position de refus et multiplie les attitudes provocatrices : licenciement de plusieurs grévistes, intervention de nervis pour expulser les piquets de grève, astreintes et tentatives de saisie des biens de certains grévistes. Ce patron est aujourd'hui soutenu par le patronat de l'île, un patronat cynique et agressif espérant disposer d'une main-d'oeuvre exploitable et corvéable à merci. Le fait que ces patrons aient fait pression sur l'administration pour obtenir la mutation d'un Directeur du travail - Jacques Bertholle - qui refusait de s'incliner devant leurs méthodes et devant leurs illégalités en matière de droit du travail, va dans le même sens : ces gens-là veulent faire la loi, leur loi dans l'île.

C'est dans ce contexte qu'un nouveau mot d'ordre de grève générale a été lancé par plusieurs syndicats (CGTM, CSTM, CDMT, SMBEF) à partir du jeudi 14 octobre. Ce jour-là, l'activité de l'aéroport du Lamentin a été fortement perturbée. Le lendemain, les grévistes ont reconduit leur mouvement et paralysé l'activité du port de Fort-de-France. De violentes bagarres ont opposé les grévistes et des jeunes aux forces de l'ordre, notamment à Volga, quartier dit " sensible ".

En Guadeloupe, si le calme est revenu dans les rues de Pointe-à-Pitre après les deux journées d'émeute de la fin septembre, les conflits se succèdent. Une grève a été déclenchée chez Conforama, après que la direction eut décidé de licencier quatre travailleurs, dont deux délégués. Quant à la grève de la plantation Sainte-Marthe (Saint-François), elle se poursuit depuis le 22 juin. Les travailleurs réclament la réintégration de deux ouvriers abusivement licenciés, dont le responsable du syndicat CGTG, l'amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité (eau potable et WC !) ainsi que le paiement régulier des salaires et des heures supplémentaires. Entre-temps, plutôt que de céder et d'avoir à tolérer l'existence d'un syndicat, le propriétaire de cette plantation l'a placée en redressement judiciaire.

Tout cela s'inscrit dans une région où plus de 30 % de la population dite active est au chômage et où des milliers de familles vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Dans ce contexte, la tournée de Jospin dans la région, le 29 octobre, n'est pas faite pour apaiser les tensions. D'ores et déjà, plusieurs organisations et partis politiques ont appelé à une grande journée d'action.

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