Centre de tri du Landy - Paris 18 : Une poste à l'image de la société22/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1632.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre de tri du Landy - Paris 18 : Une poste à l'image de la société

Nous ne sommes plus qu'environ 400 à travailler au centre de tri du Landy. Depuis un an et demi 150 emplois ont été supprimés.

Le Landy n'est pas seulement un centre comme les autres. A savoir un centre où La Poste supprime des emplois, comme elle tente de le faire partout, il est à l'image de ce qu'est de plus en plus aujourd'hui La Poste.

Quand ce centre a ouvert en 1991, La Poste voulait en faire un centre moderne, destiné à trier essentiellement le courrier des pays les plus industrialisés de l'Europe. Puis, de fermeture en fermeture de centres de tri, elle a réorganisé le travail dans ses centres, réservant à deux centres de tri ouverts entre-temps avec à chaque fois moins de personnel le soin de traiter le courrier des pays dits développés.

Il ne restait plus au Landy, en dehors du courrier des Pays-Bas et de l'Italie, que le tri des pays d'Afrique (Maghreb compris) et des pays de l'Est. Le courrier en partance ou en provenance de ces pays-là est en grande partie du courrier de particuliers. Alors que dans les pays industrialisés, c'est le courrier des entreprises qui domine.

Si la notion de service public avait encore un sens, le centre du Landy remplissait cette fonction. Permettre en effet aux populations de correspondre entre elles à des milliers de kilomètres de distance dans de bonnes conditions, n'est pas du luxe.

Bon nombre de ces lettres sont d'ailleurs adressées ou proviennent des organismes sociaux : Sécurité sociale, caisses de retraite, caisses d'allocations familiales, elles sont importantes pour ceux qu'elles concernent.

Bien que ce courrier constitue l'essentiel du courrier du Landy, ce n'est pas celui-là qui est traité en priorité. Le courrier des Pays-Bas et de l'Italie passe avant, même s'il est arrivé après. En effet des accords ont été signés entre les postes de ces pays.

Quand les lettres d'Afrique ou des pays de l'Est s'entassent trop, elles sont renvoyées sur un autre centre de tri avec ce que cela signifie de transport et de manutention supplémentaires, sans que là-bas, du fait des baisses d'effectifs, il y ait forcément des postiers pour les trier immédiatement.

Aussi les lettres recommandées peuvent attendre plusieurs jours à la " soute ", là où les sacs de recommandés sont stockés.

Il en va de même pour le choix des sacs. La Poste fait des différences en fonction de la destination, prétextant que certains sacs ne reviendraient pas (dans certains pays, ils pourraient servir de bâches aux habitations !). La Poste donc a fait confectionner des sacs de moindre qualité qu'elle nous demande de coudre avec des machines très vétustes. Un collègue de nuit en a fait l'expérience récemment. Un ressort qui s'échappait de la machine l'a percuté au front, heureusement sans gravité. Les emplois de maintenance étant eux aussi supprimés, il n'y a plus assez de monde pour entretenir le petit matériel, et seules les grosses machines à trier méritent les soins de la direction.

Les sacs à coudre concernent les pays du Maghreb, l'Afrique et depuis peu... l'ex - URSS, comme quoi La Poste entérine rapidement les détériorations des situations économiques. Ces derniers temps, plusieurs pays d'Afrique frappés par les guerres ou l'ex - Yougoslavie ont vu, quant à eux, leur courrier stocké en soute de longs mois.

En somme l'organisation de La Poste, à son niveau, reflète les inégalités de la société.

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