Quand Allègre veut éclipser SOLEIL01/10/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/10/une-1629.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Quand Allègre veut éclipser SOLEIL

C'est une chose connue depuis son arrivée au ministère, Allègre a une dent contre les " très grands équipements " de recherche, accusés de façon démagogique d'asphyxier les laboratoires en les privant de ressources...

Aussi a-t-il annoncé, par un communiqué du 2 août dernier, l'abandon du projet SOLEIL (Source Optimisée de Lumière d'Energie Intermédiaire du LURE) de construction d'un centre de rayonnement synchrotron destiné à remplacer les installations vieillissantes du LURE (Laboratoire pour l'Utilisation du Rayonnement Electromagnétique) d'Orsay (91). La contrepartie serait une participation minoritaire au projet britannique DIAMOND, majoritairement financé par la fondation Wellcome Trust, liée au groupe pharmaceutique Glaxo. Dans une lettre aux sénateurs, Allègre voit là une " aubaine financière " ! Mais si la recherche privée y trouvera son compte en disposant d'une machine conçue selon ses besoins (et partiellement financée par des fonds publics anglais et français), tout indique que ce ne sera pas le cas de la recherche publique, avec moins de stations expérimentales que dans les actuelles installations à remplacer en Grande-Bretagne comme en France. Certaines, comme le Laser à Electrons Libres du LURE, ne sont d'ailleurs pas transférables sur la machine en projet outre-Manche.

Mais il s'agit bien d'une " aubaine financière " ! Car Allègre ne s'en cache pas et se place dans la ligne du gouvernement Jospin : l'objectif est la réduction des dépenses publiques... quitte à voir dans les organismes de recherche, comme dans l'Education nationale, une tranche de mammouth à dégraisser ! En particulier, même si les emplois des techniciens ne sont pas immédiatement menacés, les quelque 200 postes qui ne seraient pas transférés du LURE vers SOLEIL, mais reclassés dans différents laboratoires, seraient bien à terme autant de recrutements non effectués... donc autant de suppressions d'effectifs.

En réponse à cette décision, l'ensemble des chercheurs et du personnel technique du LURE a décidé en assemblée générale, le lundi 6 septembre, de ne pas redémarrer les installations et les expériences et cette action a, depuis, été reconduite chaque semaine.

De nombreuses démarches ont été effectuées en direction de diverses communautés scientifiques (dont les nombreux utilisateurs du LURE), de la presse et des politiques pour exiger le retrait de cette décision arbitraire - contraire à toutes les expertises réalisées depuis près de dix ans -, basée sur un rapport gardé secret, justifiée par des évaluations budgétaires douteuses... et étayée d'affirmations malveillantes frisant la calomnie.

Dans ce cadre, un rassemblement devant le Conseil régional d'Ile-de-France a regroupé, jeudi 23 septembre, environ 150 techniciens et chercheurs. Les élus régionaux de Lutte Ouvrière ont exprimé leur soutien au personnel du LURE. En séance plénière, Arlette Laguiller, dans une déclaration préparée avec des chercheurs, a précisé notamment : " [...] les élus Lutte Ouvrière au Conseil régional condamnent un choix uniquement fait pour des raisons économiques qui limite la recherche fondamentale et appliquée. " Et observé : " C'est un choix de même nature que celui qui consiste à fermer des hôpitaux et des maternités de proximité.(...) "

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