Lire : Ils ont tué Ben Barka - Révélations sur un crime d'Etats, de Jacques Derogy et Frédéric Ploquin24/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1628.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

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Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, leader du principal parti politique d'opposition au régime du roi du Maroc Hassan 11, était interpellé par deux policiers français sur un trottoir parisien du quartier de SaintGermain-des-Prés. Personne ne le revit, ni vivant ni mort.

Ben Barka avait été précepteur du futur Hassan II, fils du su du Maroc Mohamed V, dirigeant du mouvement nationaliste qui mena le Maroc à l'indépendance. En cette fin d'année 1965, chassé du gouvernement par Hassan II, contraint à l'exil et condamné à mort par contumace, il se préparait à la conférence internationale « Trieontinentale », qui devait réunir à la Havane, en 1966, l'ensemble des mouvements plus ou moins anti-impérialistes d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.

Venu à Paris pour rencontrer un cinéaste et un journaliste qui lui avaient offert de réaliser un film consacré aux luttes des peuples du Tiers Monde, c'est en se rendant à ce rendez-vous que Ben Barka fut «enlevé » par les deux policiers tandis qu'un étudiant marocain qui l'accompagnait, craignant des complications avec la police française, s'éclipsait sans demander son reste. Toutefois, intrigué et inquiet, il avertit les proches de Ben Barka qui informèrent la presse. Celle-ci questionna la police... L'affaire Ben Barka commençait.

Petit à petit, par bribes, le public apprit comment des policiers français, acoquinés avec des truands indicateurs de police et, pour certains. anciens auxiliaires de la Gestapo (comme ce «correspondant» des services français de contre-espionnage par ailleurs proxénète et cadre supérieur d'une entreprise nationalisée), furent engagés par le ministre de l'Intérieur marocain pour oeuvrer à l'élimination d'un opposant devenu trop gênant.

A partir d'un dossier inédit rassemblé sur cette affaire par le journaliste Jacques Derogy, Frédéric Ploquin a repris toute la trame de l'affaire, interrogeant les protagonistes et les témoins survivants alors que tant d'autres étaient décédés dans des circonstances suspectes. Consultant des archives jusqu'alors closes, il complète ainsi le travail de Derogy qu'il nous présente dans ce livre. Il ne faut pas y chercher beaucoup d'explications sur le régime marocain ou même sur le contexte historique et politique dans lequel agissait et disparut Mehdi Ben Barka. Mais tout en relatant l'affaire de façon anecdotique, à la manière d'un véritable roman policier, les auteurs entendent dénoncer « un crime d'États », un crime perpétré dans la,plus étroite complicité entre l'Etat marocain et la police française. C'est réussi.

Alain VALLER

Ils ont tué Ben Barka, Révélations sur un crime d'États, de Jacques Derogy et Frédéric Ploquin, Édition Fayard -450 pages -130 F

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