Macron – Xi Jinping : une histoire de gros sous08/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2910-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Macron – Xi Jinping

une histoire de gros sous

Lundi 6 mai, Xi Jinping était reçu par Macron à Paris avec, au programme, une réunion avec les patrons français et chinois, un dîner à l’Élysée en présence de Bernard Arnault et de Carlos Tavares, suivis d’une « séquence personnelle » dans les Pyrénées avec Macron et son épouse.

Le gouvernement français a voulu montrer à l’opinion qu’il pesait dans l’ordre du monde, que ce soit en matière de guerre commerciale avec la Chine ou de guerre en Ukraine.

Concernant la guerre en Ukraine, Macron et Xi Jinping se sont surtout livrés à de la gesticulation, faisant la promotion d’une trêve olympique sur laquelle aucun des deux n’a la main, Macron demandant à la Chine de ne pas vendre d’armes à la Russie, et celle-ci assurant que c’est bien sa politique.

Les choses plus sérieuses ont concerné les relations commerciales entre l’Union européenne et la Chine. Face à la pression des États-Unis en Asie du Sud-Est et en Europe, celle-ci cherche des débouchés pour ses industries les plus en pointe et les capitalistes d’Europe, en particulier de France et d’Allemagne, espèrent toujours lui placer leurs marchandises et leurs capitaux.

C’est donc de dizaines de milliards de dollars qu’il a été question. La presse française a pris sa part de ce gigantesque marchandage en mettant en exergue les surcapacités de production chinoises dans l’automobile électrique, qui menaceraient de submerger les marchés européens. On en est loin. La production annuelle dans les usines européennes est de près de 20 millions de véhicules à moteur thermique ou électrique. Or, il est attendu en 2024 entre 600 000 et un million de véhicules fabriqués en Chine, dont certains de marque européenne comme le suédois Polestar, devenu propriété du chinois Geely, ou bien BMW et Audi. Il s’agit cependant de savoir qui va rafler la mise de l’immense marché que constituerait le passage à l’électrique dans les dix ans à venir. L’Union européenne, par la voix de sa dirigeante Ursula von der Leyen qui était aux côtés de Macron le 6 mai, accuse la Chine de subventionner ses producteurs de façon déloyale et menace d’instaurer une taxe douanière à hauteur de 25 %, comme le font les États-Unis.

En réalité, toutes ces déclarations s’inscrivent dans un marchandage où les intérêts des uns et des autres sont parfois contradictoires, parfois complémentaires. Ainsi les industriels allemands qui exportent en Chine sont contre une telle taxe. D’autres, comme Stellantis, tout en appuyant la menace de l’UE, se préparent à importer les voitures chinoises en kit pour les monter en Europe, espérant prendre ainsi une bonne part du marché. Bruno Le Maire, tout en annonçant le même 6 mai un plan de soutien aux producteurs de véhicules électriques français, a réaffirmé que le producteur d’automobiles chinois BYD était le bienvenu. Sans aucun doute pour mettre quelque chose dans la balance, Xi Jinping a promis, devant 200 responsables gouvernementaux et chefs d’entreprise chinois et français, d’ouvrir davantage le secteur des services chinois aux entreprises étrangères, y compris les domaines des télécommunications et de la médecine.

Les mêmes qui, il y a quelques années, accusaient la Chine de ne pas ouvrir assez son marché, menacent donc de fermer le leur. C’est le signe, dans un monde capitaliste en crise profonde, d’une guerre commerciale qui va croissant et sur laquelle surfent les politiciens de tous les bords.

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