n°1812 du 25/04/2003

L’éditorial

Ne laissons pas Chirac, Raffarin et Seillière toucher aux retraites des travailleurs

Jeudi prochain le ministre des Affaires sociales, Fillon, doit présenter à la télévision le plan de "réforme" des systèmes de retraite mis au point par le gouvernement. Mais quand ces gens-là parlent de "réformes", c'est "régression" qu'il faut comprendre, car c'est d'un véritable attentat contre les retraites des travailleurs qu'il s'agit, et pas seulement de ceux de la fonction publique. Le gouvernement Balladur a décidé, il y a dix ans, de prolonger la durée minimum de cotisations pour percevoir une retraite à taux plein de deux ans et demi dans le privé. Aujourd'hui, le tandem Raffarin-Chirac veut, au nom d'une prétendue justice, faire la même chose dans le secteur public (ces gens-là considèrent parfaitement normal, en revanche, que les gros actionnaires accumulent des fortunes scandaleuses sur le dos des travailleurs). Mais en même temps, on commence à nous dire que 40 ans de cotisations, tout compte fait ce ne sera pas assez, et qu'il faudra ensuite encore reculer pour tous l'âge du départ à la retraite en fonction de l'allongement de l'espérance de vie. Le Medef, par la voix du baron Seillière, souhaite que l'âge de la retraite soit porté à 70 ans. Et le gouvernement est tout prêt à agir en ce sens.

Tout cela peut paraître délirant, dans un pays où depuis une vingtaine d'années le nombre de chômeurs n'a jamais été inférieur à deux millions, et où dans le secteur privé l'âge moyen de la cessation d'activité est en fait de 58 ans. Reculer l'âge du départ en retraite ne ferait que transformer des milliers de travailleurs âgés en chômeurs plutôt qu'en retraités, avec la baisse de niveau de vie que cela entraînerait automatiquement pour eux. Mais ce n'est pas cela qui gênera un patronat pour qui le chômage n'est pas une mauvaise chose, puisque la crainte de perdre son emploi pèse sur l'ensemble des travailleurs en activité.

n°1812

25/04/2003