n°1967 du 14/04/2006

L’éditorial

Le gouvernement a reculé, mais la lutte contre la précarité reste à l'ordre du jour

Pour éviter les mots "retrait" ou "abrogation" du CPE, le trio Chirac-Villepin-Sarkozy s'est donc mis d'accord sur le mot "remplacement". L'article 8 de la loi sur l'égalité des chances est remplacé par un autre sur "l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", un mélange improvisé de contrats déjà existants, aussi bidons face au chômage. Pour expliquer son recul devant le mouvement anti-CPE -parce que cela en est un-, Villepin a encore osé jurer de ses bonnes intentions en affirmant: "Je n'ai pas été compris, je regrette".

Eh bien, au contraire, les étudiants et les lycéens à l'origine du mouvement, aussi bien que les salariés qui ont participé aux manifestations, ont très bien compris que le CPE était un pas de plus dans la légalisation de la précarité sans avoir le moindre effet sur le chômage. C'est leur lutte qui a obligé à reculer les Villepin, Chirac, Sarkozy, cette poignée d'individus qui prétendent représenter la majorité de la population pour mener une politique au service des intérêts d'une minorité de possédants. Le CPE disparaît, mais pas le CNE qui légalise tout autant la précarité. Par ailleurs, seul un article de la loi sur l'égalité des chances est retiré, alors que cette loi contient au moins deux autres articles qui sont des mesures clairement contre les intérêts du monde du travail, et plus particulièrement de sa jeunesse: celui qui instaure l'apprentissage dès 14 ans, qui livre aux patrons une main-d'oeuvre très jeune, corvéable à merci pour balayer l'atelier, et celui qui autorise le travail de nuit dès 15 ans, une régression sociale qui nous ramène plusieurs décennies en arrière.

n°1967

14/04/2006

Tribune de la minorité