Rapport sur la "désindustrialisation" : Moins d'emplois mais plus de production... et plus de profits18/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une1872.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport sur la "désindustrialisation" : Moins d'emplois mais plus de production... et plus de profits

Le 27 mai, était présenté à l'Assemblée nationale par Max Roustan (UMP) le rapport mis au point fin février par la Délégation à l'aménagement du territoire, la Datar, sur la réalité de ce qu'on appelle la "désindustrialisation", ainsi que l'enquête complémentaire que ce député a conduite. Le fait que ce député soit connu pour ses idées libérales rend son constat encore plus significatif.

Selon lui, les restructurations dans l'industrie "ne sont plus uniquement dictées par des raisons de survie, mais sont initiées par des entreprises en bonne santé financière et touchent des usines souvent rentables". Et d'ajouter: "Cette course aux profits peut conduire les industries cotées en Bourse à privilégier des logiques à court terme pour satisfaire les actionnaires." On ne saurait mieux dire!

Le rapport de la Datar rétablit en effet la vérité sur ce que tous les politiciens, de droite comme de gauche, et Chirac en premier, appellent la "désindustrialisation" de la France. En réalité, les délocalisations restent marginales par rapport à l'évolution globale de la production industrielle. En 24 ans, de 1978 à 2002, la valeur de la production industrielle en France a augmenté, en valeurs constantes, de 2,5% par an en moyenne. La part de l'industrie dans l'ensemble des richesses produites dans le pays est restée stable, elle, depuis plus de trente ans, malgré l'explosion des services.

Mais ce qui est notable est que, pendant le même temps, le patronat a fait disparaître 1,5 million d'emplois dans l'industrie, comme le notait le député UMP, "pour satisfaire les actionnaires", qui, aurait-il pu ajouter, exigent une augmentation des profits de 15% par an.

Ainsi, "les gains de productivité des salariés dans l'industrie française ont été parmi les plus élevés du monde, à raison de 4,1% par an depuis 1990", note le rapport de la Datar. Voilà pourquoi toute une partie de la population a été poussée vers la misère. Car ceci est le résultat d'une aggravation brutale des conditions de vie imposées à toute la classe ouvrière, avec des suppressions massives d'emplois pour les uns et l'intensification considérable des rythmes du travail pour les autres. Ces sacrifices, le patronat les a imposés avec l'appui actif de tous les gouvernements, de droite pendant 10 ans, et de gauche pendant 15 ans.

Alors quand, de la gauche à la droite, on entonne le refrain de la "désindustrialisation", c'est pour continuer sur la même voie et vendre encore aux travailleurs "des nouveaux sacrifices pour sauver notre industrie", en cachant la réalité mise au jour par ce rapport officiel.

La rentabilité de l'industrie n'a cessé d'augmenter car, en un quart de siècle, on a imposé une réduction de 20% des emplois dans ce secteur, pendant que la richesse créée augmentait, elle, de 85%. Il est temps d'inverser cette dégringolade vers l'abîme, et de faire que les richesses produites bénéficient à ceux qui les produisent et à l'ensemble de la société.

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