Flexibilité, souplesse... la gabegie capitaliste17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Flexibilité, souplesse... la gabegie capitaliste

Des économistes s'interrogent doctement sur l'efficacité, au plan économique, de la généralisation de la flexibilité dans les entreprises. Au point que le supplément " Economie " du Monde daté du 7 septembre y a consacré trois de ses pages.

On y apprend, mais ça n'est pas une révélation, que la " flexibilité " - vocable, paraît-il, emprunté à l'anglais, les officiels français lui préférant celui de souplesse, qui leur semble plus élégant - augmente régulièrement en Europe.

D'après les statistiques officielles, le travail à temps partiel est passé de 14 % en 1990 à 17 % en 1997 et concerne 30 % des femmes. Et de moins en moins nombreux sont ceux qui ont choisi ces emplois à temps partiel, avec un salaire lui aussi partiel, faute d'avoir trouvé une embauche à temps complet. Par ailleurs, conséquence d'une même logique, le nombre d'embauches en contrat à durée déterminée (CDD) représente 12 % des contrats de travail... Plus d'un salaire sur dix !

Ainsi en France désormais, huit embauches sur dix se font sous forme de contrat précaire. Voilà, entre autres éléments, de quoi relativiser les chiffres dont se gargarise le gouvernement concernant la reprise de l'emploi.

Par delà ces données, les spécialistes constatent que les effets de la flexibilité ne seraient pas toujours si bénéfiques qu'on nous le dit - ce " on " englobant les tenants de la déréglementation et du libéralisme.

Ainsi les travailleurs en situation précaire achèteraient moins, en particulier à crédit, à la fois à cause du caractère aléatoire de leurs revenus et du fait que les sociétés de crédit exigent des garanties que ces travailleurs ne peuvent pas fournir. Du coup, cette situation se traduit par des effets négatifs sur la consommation, concluent nos experts.

Belle découverte ! Si les salariés ont des revenus moins stables, voire pas de revenus du tout, en dehors de ces misérables prestations sociales qui sont les seuls moyens d'achat que des centaines de milliers d'hommes et de femmes perçoivent aujourd'hui, les marchandises trouvent moins d'acheteurs. La conclusion qui vient à l'esprit, c'est que les capitalistes seraient d'invétérés irresponsables, non seulement socialement, mais par rapport à leurs propres intérêts. C'est bien évident et d'ailleurs cela fait, au bas mot, cent cinquante ans que Marx et les marxistes en ont fait la démonstration. Mais cela n'amène pas ces capitalistes à plus de sagesse. Le voudraient-ils d'ailleurs qu'ils ne le pourraient pas.

Car la logique - si l'on peut dire - de leur économie suppose qu'ils agissent chacun pour soi, dans une compétition qui n'a pas pour souci de préserver l'avenir, même pas forcément le leur, mais d'amasser le profit maximum au plus vite.

Après eux le déluge, telle est leur devise. Au risque d'un naufrage général.

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