Stock-options : Une juteuse combine d'enrichissement17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Stock-options : Une juteuse combine d'enrichissement

Une enquête de l'hebdomadaire L'Expansion pose la question : " Comment les patrons font fortune en France ? ". Une des sources de juteux revenus des très hauts cadres et des dirigeants des principales entreprises de ce pays, ce sont les " stock-options ". Dans les 40 plus grandes sociétés françaises, 28 000 personnes en profitent. Ce moyen de rémunération, imité de ce qui se fait aux Etats-Unis depuis les années soixante-dix, n'est pas nouveau. Ce qui l'est davantage, c'est la progression du nombre de " plans " de stock-options attribués et les perspectives de plus-values énormes que ce système promet aux bénéficiaires. De quoi s'agit-il ?

Les bénéficiaires se voient proposer des actions de leur entreprise à un prix modique, bien inférieur aux cours qu'elles peuvent atteindre sur le marché boursier, avec un délai donné pour les acheter ou pas. S'ils décident de le faire - l'option est alors " levée " - ils doivent alors en acquitter le prix proposé. Tout l'intérêt de l'opération est, bien sûr, d'acheter au prix bas proposé quand le cours de l'action est au plus haut.

On peut alors décider de garder ces actions, en les ayant donc achetées avec une forte " remise ", mais cela peut être risqué, des fois que les cours retombent. On peut aussi les revendre aussitôt et encaisser ainsi un joli paquet d'argent. Et cela, sans risque. Cadeau !

L'hebdomadaire estime l'ensemble des plus-values ainsi accumulées (la différence entre le prix de vente de ces actions et leur cours au moment de leur achat, qu'elles aient été revendues ou non) à 45,4 milliards de francs, en hausse de 68,1 % en huit mois ! A ce petit jeu, bien des hauts cadres et autres PDG sont assurés d'encaisser de jolis revenus (qui s'ajoutent à leurs salaires, eux-mêmes coquets, bien sûr !). Les entreprises qui récompensent leurs hauts cadres de cette façon s'appellent entre autres Cap Gemini, Paribas, Axa, Vivendi, LVMH, L'Oréal (dans cette dernière, neuf dirigeants bénéficieraient en moyenne de 83,3 millions chacun de revenus en levant leurs stock-options !).

L'exemple de Paribas est édifiant : les sept membres du directoire de cette banque, grâce à leurs stock-options, ont profité à fond des hausses du cours des actions liées au climat spéculatif qui s'est développé autour de la fusion avec la BNP. La plus-value potentielle de leurs stock-options, qui était estimée à " seulement " 12,2 millions de francs en novembre 1998, atteignait 59,6 millions de francs par individu, fin juin 1999 !

Alors que les employés de banque, eux, craignent les conséquences tragiques de cette fusion, en particulier les compressions de personnel, on constate que, du côté des dirigeants, elle n'a pas fait de malheureux !

Les patrons, qui parlent continuellement aux salariés d'" efforts " et de la nécessité, selon eux, de plans sociaux pour résister à la concurrence, gardent toujours un oeil sur les cours de la Bourse et du coup sur leur propre portefeuille ! Ils s'enrichissent au travers de ces restructurations.

Ce système d'attributions de stock-options est opaque. On ne sait pas précisément qui en détient et combien. Ces gens-là n'aiment pas étaler la façon dont ils s'enrichissent. Ne serait-ce que par rapport à tous ceux qu'ils contraignent aux bas salaires, aux conditions de travail de plus en plus pénibles, quand ce n'est pas au chômage, afin que les cours des actions de leur entreprise à la Bourse puisse continuer à monter, entraînant du même coup vers le haut leur magot personnel !

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