La CGT et les 35 h : La loi Aubry, une loi en faveur des patrons, qu'il faut combattre10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La CGT et les 35 h : La loi Aubry, une loi en faveur des patrons, qu'il faut combattre

Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, a parlé au cours de sa conférence de rentrée de la seconde loi Aubry qui va être discutée au Parlement le mois prochain.

Il a indiqué qu'il n'était pas satisfait de ce projet. La CGT conteste en particulier le fait que les employeurs aient un délai d'un an avant d'être obligés de majorer de 25 % les heures supplémentaires à partir de la 36e heure, et l'existence de nouveaux allégements de charges sociales et leur financement par la Sécurité Sociale et l'UNEDIC. Elle réclame aussi des améliorations pour le régime auquel sont soumis les cadres et que les aides soient subordonnées à la création d'emplois.

Selon Thibault, il faut " améliorer " ce texte par des " propositions de modifications qui sont inspirées par deux objectifs [...], la réduction du temps de travail doit contribuer à créer des emplois et améliorer les conditions de travail ".

Mais ces objectifs-là, ce ne sont pas du tout ceux de la loi Aubry. Cette seconde loi est du même tonneau que la première. C'est-à-dire qu'elle donne un cadre légal au patronat, sous prétexte de passage aux 35 heures, pour officialiser la flexibilité et permettre aux patrons de faire venir leurs salariés à l'usine ou au bureau au gré des besoins de la production, essentiellement par l'annualisation du temps de travail et la banalisation du travail du week-end.

Il est prévu de nouveaux cadeaux au patronat sous forme de dégrèvements de charges sociales pour " inciter " le patronat à passer des accords avec les syndicats sur les 35 heures, aides estimées à 100 ou 120 milliards de francs qui selon le projet de loi devraient être en partie compensées par l'Etat et en partie par les caisses de l'UNEDIC et de la Sécurité sociale.

On peut en discuter en long et en large, il n'y a dans le nouveau projet de loi rien de bon pour les travailleurs, même pas la garantie de ne travailler effectivement que 35 heures, puisque les heures supplémentaires sont largement autorisées.

Pour couronner le tout, le nouveau projet de cette loi qui était présentée comme devant combattre le chômage ne prévoit même pas d'obligation d'embauche pour les entreprises recevant des aides de l'Etat au titre du passage aux 35 heures.

Alors, à quoi sert de proposer le toilettage d'une loi qui, la plupart des militants dans les entreprises et beaucoup de travailleurs en sont maintenant convaincus par l'expérience, sert de point d'appui au patronat pour aggraver encore les conditions d'existence de la classe ouvrière ?

Pour créer réellement les centaines de milliers d'emplois qui manquent aujourd'hui, il faut prendre sur les profits, sur les richesses des entreprises et des particuliers. De l'argent il y en a, les récentes fusions-acquisitions d'entreprises de l'été, l'annonce de l'explosion des profits de grandes entreprises comme Renault le montrent chaque semaine. Pour améliorer réellement les conditions de travail, il faut interdire le travail de nuit ou du week-end là où il n'est pas nécessaire aux besoins de la population. Quant aux 35 heures, il y a une façon très simple de les instaurer : sans diminution de salaire, par des semaines de 5 fois 7 heures. Il n'y a rien d'autre à discuter.

En 1995, quand le gouvernement Juppé avait tenté de remettre en cause les retraites des fonctionnaires, les syndicats l'avaient combattu, ils avaient su montrer clairement leur opposition. Ils n'avaient pas dit qu'ils cherchaient à " améliorer " les choses. Cela avait été la première étape de la mobilisation qui a conduit aux grandes grèves et au retrait du plan Juppé. Aujourd'hui, c'est un gouvernement de gauche qui est au pouvoir. Mais il mène, comme la droite au gouvernement, une politique qui sert les intérêts du patronat, incompatibles avec ceux du monde du travail. Une politique qu'il faut combattre.

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