Fusion Elf-Total : Où est le progrès ?17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fusion Elf-Total : Où est le progrès ?

Les grandes manoeuvres dans les milieux industriels et financiers continuent. Après deux mois et demi de bagarre et de surenchères boursières, TotalFina a fini par absorber son concurrent Elf Aquitaine. Ce mariage forcé donne naissance au 4e groupe mondial dans le pétrole (avec une capacité de production équivalant à celle du Koweit) et au 5e groupe pour la chimie.

De tous les côtés, on nous dit que ce rapprochement entre deux entreprises françaises constitue un progrès. Grâce à cela, la France posséderait, paraît-il, un groupe pétrolier capable de jouer dans la cour des plus grands, de négocier en position de force avec les pays producteurs, etc. Et les représentants du gouvernement - Dominique Strauss-Kahn et Christian Pierret en tête - ne sont pas en reste pour se féliciter d'un rapprochement conforme à leurs souhaits.

Mais de quel " progrès " parlent-ils ? A qui profitera-t-il ? Certainement pas aux salariés du groupe, à qui on promet au moins 4 000 suppressions d'emplois d'ici trois ans, dont 2000 en France. Certainement pas non plus aux automobilistes, qui ne paieront pas moins cher l'essence à la pompe, bien au contraire. Les fusions qui se sont multipliées ces derniers mois entre les grands groupes pétroliers (BP et Amoco, Exxon et Mobil, Total et Fina) leur ont surtout donné encore plus de moyens pour imposer des prix à la hausse. Même les finances de l'Etat ne tireront aucun avantage d'une croissance attendue des bénéfices du groupe, car il y a bien longtemps que ces multinationales sont passées maître dans l'utilisation des paradis fiscaux pour échapper à l'impôt.

Alors, on peut chercher longtemps où est le " progrès " constitué par la naissance de ce nouveau mastodonte pétrolier. Le seul point de vue pris en compte est celui de l'intérêt des actionnaires, qui veut que l'on sacrifie des milliers d'emplois et que l'on maintienne les prix au plus haut, au nom de la rentabilité et du profit. Et dans ce domaine, leur rapacité n'a pas de limites. Depuis le début de l'année, tandis que l'action TotalFina a progressé de 50 %, l'action Elf a, elle, progressé de 90 % et le PDG du nouveau groupe Thierry Desmarest leur en promet encore plus.

De progrès, il ne pourra y en avoir que lorsque les travailleurs mettront leur nez dans les comptes de ces entreprises pour imposer d'autres choix, pour savoir d'où vient et où va l'argent, comment sont calculés les prix de revient et les prix de vente, et surtout interdire tout licenciement dans les entreprises qui font des bénéfices. Les actionnaires et les défenseurs du capitalisme ne seront sûrement pas d'accord avec une telle intrusion dans " leurs " affaires, mais qu'importe : les intérêts généraux de la collectivité doivent passer avant les droits d'une minorité d'actionnaires.

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