Irak : Les raids anglo-américains et l'hypocrisie de l'impérialisme français03/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1625.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Les raids anglo-américains et l'hypocrisie de l'impérialisme français

Depuis décembre 1998 et la fin de l'opération " Renard du désert ", au cours de laquelle dirigeants américains et anglais avaient déversé sur l'Irak plus de bombes que pendant toute la guerre du Golfe de janvier-février 1991, la population irakienne subit quotidiennement des raids aériens meurtriers.

Ainsi mardi 17 août, 19 civils, dont 4 femmes et 4 enfants, ont péri près de Bassorah, dans le sud du pays. En une semaine, les raids anglo-américains auraient fait 23 morts d'après les autorités irakiennes. Au total, depuis le début de l'année 1999, 1100 missiles auraient été tirés et 11 000 sorties aériennes auraient été effectuées, soit une cinquantaine par jour.

Les dirigeants américains justifient ces bombardements en invoquant la nécessité de faire respecter les deux " zones d'exclusion aérienne ", au nord et au sud du pays. Ce qui est d'autant plus cynique qu'aucun avion irakien ne décolle plus depuis longtemps... et la semaine dernière, de l'aveu même des militaires américains, ce sont des objectifs situés en-dehors de ces zones qui ont été touchés. Ces deux zones, qui représentent 60 % de l'espace aérien irakien, avaient été interdites à l'aviation irakienne en 1991, soi-disant pour " protéger " les populations irakiennes qui se soulevaient contre Saddam Hussein à la fin de la guerre du Golfe. Déjà à l'époque, il s'agissait d'un mensonge éhonté car si Saddam Hussein a pu noyer dans le sang ces révoltes populaires, c'est aussi parce que l'impérialisme n'était pas mécontent de lui laisser jouer le rôle de gendarme face à son peuple.

En réalité, quoi qu'ils en disent, le caractère dictatorial du régime de Saddam Hussein n'a jamais dérangé les dirigeants américains. Dans les années 1980, quand l'Irak est entré en guerre contre l'Iran, Saddam Hussein a même été soutenu et armé par les grandes puissances occidentales. Ce que les dirigeants américains n'ont pas supporté, c'est que l'Irak envahisse le Koweit malgré leur opposition. Et c'est pour faire respecter leur autorité, pour remettre au pas un de leurs " gendarmes " qui s'était montré désobéissant envers elles que les grandes puissances impérialistes sont intervenues à l'époque. Et c'est pour cela qu'elles continuent aujourd'hui encore à faire la guerre à l'Irak, en le bombardant ou en le soumettant à un blocus économique.

Ce n'est pas Saddam Hussein qu'ils font ainsi payer mais d'abord la population dont la situation sanitaire et alimentaire n'a fait que s'aggraver au point que la mortalité infantile a doublé en dix ans, approchant celle des pays les plus pauvres du monde.

Les représentants de l'impérialisme français, quant à eux, font mine de désapprouver les derniers bombardements en prétendant ressentir un " malaise "... Malaise qu'ils ne ressentaient pas à l'époque de la guerre du Golfe puisqu'ils sont intervenus aux côtés des américains, les avions français déversant eux aussi leurs bombes sur les populations irakiennes. Et ce malaise ne les amène pas à condamner réellement la politique américaine. En fait, depuis plusieurs années, l'impérialisme français voudrait pouvoir reprendre ses relations commerciales avec l'Irak, client traditionnel des industriels français dans la région. Il n'y a là aucun sentiment humanitaire, mais simplement une hypocrisie qui masque mal la rapacité d'un impérialisme qui voudrait avoir sa part du gâteau sur le dos du peuple irakien.

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