Enseignement : Tout va très bien madame la marquise...10/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1626.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

Enseignement : Tout va très bien madame la marquise...

Une rentrée " zéro défaut ", voudrait faire croire Allègre, ministre de l'Education nationale.

Pourtant, entre la réalité et l'image qu'aimerait donner le ministre, la marge est bien plus large que sur n'importe quel cahier de classe. Voici quelques exemples glanés dans des établissements scolaires de la région parisienne.

Au collège Camille-Corot (Le Raincy, Seine-Saint-Denis), trois " rattachés administratifs " en français attendent une nomination. La principale veut les " occuper " 18 heures par semaine et leur propose de venir tous les matins à 8 heures voir ce qu'il y aurait à faire (travail administratif, bibliothèque...).

Au collège Elsa-Triolet (Champigny, Val-de-Marne), six ou sept " rattachés administratifs " feront des remplacements sur le district. Comme cela, Allègre peut dire que, dès le jour de la rentrée, les enseignants sont dans leur établissement...

Pour faire de la " remédiation " en " nouvelle sixième " (ce jargon officiel signifie apporter un soutien plus ou moins individualisé aux élèves en difficulté sortant du primaire), le ministère a débloqué 184 heures supplémentaires par classe. Dans ce collège qui compte six sixièmes, cela équivaut à deux postes... que le ministère refuse de créer en faisant le chantage suivant aux enseignants : si vous refusez les heures supplémentaires, les élèves en pâtiront.

A Alfred-Costes (Bobigny, Seine-Saint-Denis), huit enseignants (15 % de l'effectif) étaient soit en surnombre sur un même poste, soit non affectés bien que leur poste habituel soit vacant. Les plus touchés sont les profs à statut précaire : vacataires, contractuels, maîtres-auxiliaires.

Passant au rectorat de Créteil pour remédier eux-mêmes à cette situation, des enseignants ont constaté que les postes vacants sur l'académie sont légion : ils remplissent des dizaines de pages d'écran sur les ordinateurs du rectorat !

Au lycée Victor-Duruy (Paris 7e arr.), bien que situé dans un " beau quartier ", des classes de seconde ont plus de 35 élèves (alors que le ministère affirme que cela ne doit plus exister) et il y manque des ouvriers d'entretien ATOS. Et il n'y aura pas d'infirmière le samedi matin, alors que des cours ont lieu.

Au lycée Marcel-Cachin (Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis), cinq à six MA (maîtres auxiliaires) n'ont finalement pas été nommés alors qu'ils avaient reçu un courrier leur indiquant leurs classes. Apparemment, le rectorat aurait bloqué les nominations de MA car il voudrait transformer leur statut en celui de contractuels. Par ailleurs, une petite dizaine de postes semblent non pourvus et certaines classes n'ont pas d'enseignant de lettres.

A l'ENNA (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis), un lycée d'application, il manque quatre enseignants et, de jour en jour, les effectifs changent (deux enseignants n'ont été nommés qu'entre la rentrée des profs et celle des élèves). Ainsi, le jour de la rentrée, il y avait six stagiaires.

A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), plus de 20 postes sont sans titulaires nommés pour l'année. Le jour de la rentrée, plusieurs écoles s'annonçaient donc en grève pédagogique, dont celles des Grésillons A et B.

Au collège Pailleron (Paris 19e) dans plusieurs sections, dont les quatrièmes, nombre de classes dépassent les effectifs-plafonds officiels. Quant à l'arrondissement lui-même, il y a une soixantaine d'élèves entrant en sixième que le rectorat avait tout simplement " oubliés " dans ses prévisions.

Et tout cela n'est sans doute qu'un échantillon...

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