Nucléaire : une fusion qui menace la sûreté14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nucléaire : une fusion qui menace la sûreté

Le 8 février, les salariés de l’IRSN se sont mis en grève et 600 personnes environ ont manifesté à Paris, aux cris de « IRSN démantelé, sécurité en danger » ou « la transparence c’est la confiance, l’opacité c’est la défiance ».

En effet, il y a juste un an, le gouvernement annonçait qu’il souhaitait démanteler l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) pour le fusionner en grande partie avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme du nucléaire. Le personnel de l’IRSN s’était alors déjà mobilisé pour dénoncer les dangers pour l’indépendance des experts et des chercheurs de l’institut et pour la transparence vis-à-vis du public.

Un projet de loi en discussion au Parlement prévoit que la fusion soit réalisée dès la fin de l’année. L’objectif annoncé est de « fluidifier » les décisions liées à la relance du nucléaire.

En effet, de nouveaux réacteurs EPR doivent être construits par EDF, qui souhaite en même temps prolonger la durée de vie du parc de réacteurs existants. Des start-up développent aussi des projets de nouveaux réacteurs de petite taille. Des activités de l’IRSN comme celles relatives à la mesure des rayonnements ou à la sécurité seraient transférées au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Quant aux salariés qui travaillent sur les équipements militaires malgré leur proximité avec l’expertise civile, ils deviendraient aussi salariés du CEA mais rattachés au ministère des Armées.

Les salariés de l’IRSN voudraient bien comprendre pourquoi le gouvernement veut à tout prix imposer ce projet. Pourquoi le faire au moment même où les « gros dossiers » liés à la relance du nucléaire sont sur les bureaux ?

En réalité, c’est sans doute la relative indépendance de l’IRSN qui dérange le gouvernement, attentif aux intérêts des industriels de la filière nucléaire qui veulent aller vite, pour encaisser rapidement les profits. Pour ceux-là, il faudrait mettre une sourdine à la parole des scientifiques, considérés comme des empêcheurs de tourner en rond. Et les salariés de l’IRSN s’inquiètent bien sûr aussi pour leurs futures conditions salariales et de travail car rien n’est encore précisé sur ce sujet, et ils n’entendent pas se laisser faire.

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