Conteneurs toxiques, dockers en danger14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Conteneurs toxiques, dockers en danger

Certains salariés chargés du contrôle sanitaire des aliments interviennent dans les zones portuaires où les conteneurs sont vidés de leurs marchandises.

Au poste de contrôle frontalier de Gonfreville, en Seine-Maritime, fin 2023 un membre de l’inspection sanitaire a été ainsi exposé à des émanations toxiques. Il risque d’en garder des séquelles neurologiques.

La CFDT du ministère de l’agriculture a expliqué dans un compte-rendu mis en ligne que deux incidents moins graves mais similaires avaient eu lieu en 2022. Pour elle, les procédures de sécurité ne sont pas adaptées aux risques toxiques graves présents lors de l’ouverture des conteneurs.

Le comble, c’est que la Direction générale de l’alimentation le savait. La procédure étant vieillissante, la cartographie des polluants mis en œuvre lors de la fumigation au départ des conteneurs devait être revue. Un poste avait même été prévu pour cette mission… mais il était toujours vacant ! Une alerte avait été lancée par FO-agriculture quinze mois auparavant, demandant des recherches de gaz avant toute inspection des conteneurs. Depuis l’accident, des mesures d’urgence sont intervenues mais pas dans tous les postes frontaliers.

Le risque grave d’intoxication lors de l’ouverture des conteneurs est connu. Trois dockers en sont morts dans le port belge d’Anvers en 2015. L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) met à disposition des études détaillées et des moyens de protéger les salariés de ces zones portuaires : dockers, douaniers, spécialistes du contrôle des aliments, manutentionnaires, opérateurs de plates-formes logistiques, salariés des entreprises de maintenance ou de nettoyage. D’après l’EWS Group, entreprise de logistique chargée du traitement des conteneurs, sur 500 000 conteneurs contrôlés, 11 % présentent une pollution importante et 26 % sont à risque !

L’INRS propose de revoir la conception des conteneurs en modifiant le système d’ouverture des portes, et en mettant en place un système de soufflage et d’extraction de l’air. Ce sont autant de solutions techniques que les transporteurs maritimes pourraient sans problème mettre en place : ils ne sont pas à court d’argent. Mais ils choisissent le moindre coût, quoi qu’il en coûte pour les travailleurs.

Quant à la direction du contrôle sanitaire de l’alimentation elle poursuit sa politique irresponsable de réduction des emplois et elle attend l’accident grave pour se bousculer, alerter et pourvoir un emploi indispensable pour la sécurité de salariés, eux-mêmes chargés de la sécurité sanitaire de la population.

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