Pesticides : les agriculteurs, premières victimes07/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2897.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pesticides : les agriculteurs, premières victimes

Parmi les mesures annoncées le 1er février par Attal, figure la mise à l’arrêt du plan EcoPhyto contre les pesticides. La FNSEA, principal syndicat des agriculteurs, s’en félicite.

Ce plan, lancé en 2008 après le Grenelle de l’environnement, affichait l’ambition de diviser par deux l’usage des pesticides à l’horizon 2018. Bien que cette échéance ait été repoussée, Bayer, Syngenta et autres groupes capitalistes de l’agrochimie n’ont pas accepté de se soumettre et ils ont estimé plus profitable de jouer avec la santé de la population que d’investir dans la recherche de produits moins nocifs.

Une réédition de ce plan était annoncée pour fin janvier, avec 2030 comme horizon, et le gouvernement l’a stoppée sous la pression du mouvement des agriculteurs. Les groupes capitalistes qui produisent les pesticides n’ont pas besoin de faire des barrages routiers, leurs intérêts sont relayés notamment par les grands céréaliers, très influents dans la FNSEA. Ils demandent au gouvernement et à l’Union européenne d’autoriser à nouveau des produits reconnus comme dangereux, l’œil rivé sur leur chiffre d’affaires et leurs exportations.

Ces revendications sont reprises par des milliers d’agriculteurs, alors qu’ils sont les premières victimes de l’épandage des pesticides. D’ailleurs, leur caisse de Sécurité sociale, la MSA, a commencé à reconnaître depuis 2020 certains cancers comme maladies professionnelles. Selon une commission parlementaire de décembre 2023, « le nombre de victimes potentielles pour lesquelles il y a une présomption forte de causalité entre la maladie et l’exposition est évalué de l’ordre de 10 000 personnes ».

Mais les agriculteurs qui vivent de leur travail subissent des pressions comparables à celles des travailleurs de l’industrie ou du bâtiment par exemple. Car comment refuser le risque d’une maladie professionnelle ou d’un accident du travail quand il faut bien gagner sa vie ? Et les agriculteurs exploitants ont encore moins de moyens de prendre soin d’eux-mêmes que les salariés, car ils ont pour préoccupation la gestion et le développement de leur exploitation, dans le cadre d’un marché mondial où ils sont sous la coupe de sociétés de l’agroalimentaire ou de coopératives qu’ils ne contrôlent pas. Ces préoccupations de petits patrons les maintiennent, pour l’instant, dans l’orbite de la FNSEA, qui place la liberté d’entreprendre au-dessus de toute chose, alors qu’ils auraient tout intérêt à un bouleversement complet de cette logique.

La vraie question est de cesser de vendre pour un marché aveugle et de se donner les moyens de disposer des ressources de la planète en fonction des besoins de l’humanité, en n’utilisant que les pesticides nécessaires et aux effets vérifiés, sous le contrôle de la population, et en se préoccupant en premier lieu de leurs conséquences pour la santé et les milieux naturels.

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