Électricité : les classes populaires rackettées24/01/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/01/P3-2_electricite_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C754%2C2362%2C2083_crop_detail.jpg

Leur société

Électricité : les classes populaires rackettées

Bruno Le Maire est venu l’annoncer le 21 janvier sur TF1 : les factures d’électricité vont augmenter de presque 10 % au 1er février pour la quasi-totalité de la population.

Illustration - les classes populaires rackettées

Avec des hausses comprises entre 8,6 et 9,8 % selon le contrat des abonnés, le ministre a eu le culot de préciser « J’ai tenu ma promesse de rester sous les 10 %. » Alors que sa décision entraîne des hausses de 10, 20 ou 30 euros par mois sur les factures et va mettre en difficulté des centaines de milliers de ménages déjà obligés de compter chaque euro, il a osé parler « d’une décision difficile à prendre ».

Cette décision « difficile » est un choix de classe. La hausse ne résulte pas d’une nouvelle flambée des prix sur le marché européen de l’électricité – ce prix est au contraire à la baisse en ce moment – mais d’une augmentation des taxes décidée par le gouvernement. Le ministre prétend qu’il ne fait que revenir à la période d’avant 2022, quand le prix du marché de l’électricité s’était envolé et qu’il avait instauré ce qu’il appelle un bouclier tarifaire supposé protéger la population.

Mais ce bouclier a surtout protégé les producteurs et les fournisseurs d’électricité, qui ont pu vendre le courant à prix d’or. En 2022, au plus fort de la crise énergétique, les producteurs d’énergie, tous types confondus, ont battu des records de profits. Cela signifie qu’ils ont racketté la population en vendant l’électricité à un prix bien supérieur au coût de production, parfois 150 ou 200 euros pour un mégawattheure qui revient à 60 euros. Durant toute cette période, Bruno Le Maire a refusé de taxer ces profits, affirmant même : « Les superprofits, je ne sais pas ce que c’est. »

Par contre, maintenant que le prix de gros est provisoirement redescendu, le gouvernement décide de restaurer la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE). Elle passera de 1 à 21 euros le mégawattheure au 1er février et une nouvelle hausse est annoncée pour février 2025. Pour les usagers, après le 1er février, le prix de l’électricité aura augmenté de 44 % en deux ans !

Les taxes que Le Maire a refusé d’imposer aux producteurs et aux spéculateurs, il se précipite pour les faire payer aux classes populaires, déjà étranglées par les prix élevés, à commencer par ceux de l’alimentaire.

Selon l’Observatoire annuel des prix des biens de consommation courante, publié le 23 janvier par ­Familles rurales, les prix de l’alimentation ont augmenté de 11,9 % sur l’année 2023. Pour une famille de quatre personnes dont les deux parents touchent le smic, le budget alimentation dévore désormais 20 % des revenus.

La facture d’électricité va accentuer leurs difficultés mais, pour Le Maire, la hausse se justifie aussi par la nécessité de « garantir notre capacité d’investissement dans de nouvelles capacités de production électrique ». Autrement dit, l’État va prendre en charge les investissements, quitte à les faire payer ensuite à la population. Le gouvernement, qui prétend depuis des mois combattre l’inflation, l’alimente ainsi sans vergogne.

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