Migrants : un crime d’État17/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/01/2894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Migrants : un crime d’État

Dans la nuit du 13 au 14 janvier, en tentant de rejoindre l’Angleterre, cinq migrants au moins sont morts dans la Manche et un autre a été hospitalisé en urgence absolue.

À peine un mois après le précédent naufrage, qui fit deux morts le 15 décembre, la politique antimigratoire conjointe de la France et de la Grande-Bretagne continue à tuer.

Par une température de quatre degrés et une eau à neuf, plusieurs dizaines de réfugiés ont voulu prendre place sur une embarcation surchargée, qui s’est trouvée en difficulté près d’une plage de Wimereux dans le Pas-de-Calais. Les rescapés ont été récupérés par un remorqueur et par la police ; d’autres, dont des familles avec de très jeunes enfants, ont été abrités dans une salle des fêtes communale.

Les autorités françaises ont déclenché une enquête pour « homicides involontaires » et « aide au séjour d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée », avec les passeurs dans leur viseur. Quant au gouvernement anglais, son ministre des Affaires étrangères David Cameron a déclaré à la BBC que ces décès étaient « déchirants » et prôné la nécessité d’une réforme du système migratoire britannique… dont un des projets est l’expulsion vers le Rwanda des migrants illégaux.

On peut difficilement dire qui, des dirigeants britanniques et français, sont les plus ignobles, eux qui depuis 2003 se partagent la répression des réfugiés. Ils s’entendent pour multiplier les obstacles à leurs départs, quand ils ne les abandonnent pas à la limite de leurs eaux territoriales. Mais les murs, les radars, les barbelés, les patrouilles incessantes ne dissuadent pas ceux qui veulent partir, fuir la misère et la guerre.

En 2023, 30 000 person­nes ont réussi à atteindre ainsi l’Angleterre. Les traversées continueront, obligeant les exilés à affronter des risques de plus en plus importants sur une mer dangereuse, au trafic dense, par tous les temps, au risque de perdre la vie pour certains d’entre eux. Et là, il ne s’agit pas d’homicide « involontaire » mais de crimes d’État.

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