Économie : la crise s’aggrave, profits et spéculation s’envolent17/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/01/2894.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Économie : la crise s’aggrave, profits et spéculation s’envolent

Comme chaque année, les hommes d’affaires de la planète et leurs dirigeants politiques se réunissent en Suisse à Davos. Le monde qu’ils dominent évolue vers la guerre généralisée, leur économie s’enfonce dans la crise, mais qu’importe à ces représentants de la bourgeoisie ! Car les affaires sont toujours au rendez-vous.

La guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont bouleversé l’approvisionnement énergétique de l’Europe. La guerre à Gaza a maintenant pour effet de perturber le commerce maritime transitant par le canal de Suez, à cause des menaces des Houthis contre les navires marchands occidentaux. Les dernières élections à Taïwan ont rappelé que ce petit pays produit près de 90 % des puces électroniques les plus modernes et qu’une aggravation de la tension entre la Chine et les États-Unis pourrait donc paralyser toute une partie de l’industrie mondiale.

De fait, les échanges commerciaux mondiaux ont reculé en volume de 2 %, ce qui ne s’était pas vu depuis 2008, si on excepte la période des confinements dus au Covid en 2020. En Europe, la production industrielle a reculé de 7 %. Celle de l’acier a même atteint ses plus bas niveaux depuis les années 1990. En France, les derniers chiffres de la Banque de France montrent que, même en ne considérant que les PME et les grands groupes, le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté de 60 %, atteignant un niveau supérieur de 30 % à ce qu’il était en 2019 avant la pandémie.

Malgré cette situation, d’après un sondage réalisé auprès de 2 000 dirigeants des plus grandes entreprises du monde, 56 % se déclarent « optimistes », soit 14 % de plus qu’en 2023. Cet enthousiasme peut sembler invraisemblable, mais il vient du fait que, pour les grands groupes, les perspectives de profits sont énormes, notamment dans l’énergie, avec les hausses de prix du pétrole, du gaz et de l’électricité, ou dans l’industrie militaire. Et puis, il y a la spéculation.

Le 11 janvier, l’organisme contrôlant les activités boursières aux États-Unis a autorisé l’introduction du bitcoin à Wall Street. Cette cryptomonnaie fut créée par des informaticiens pour inventer un moyen d’échange n’utilisant aucune monnaie officielle et échappant au contrôle des grandes banques centrales. Elle a d’abord eu du succès auprès des trafiquants et de ceux qui voulaient blanchir de l’argent. Mais, très vite, la volatilité de sa valeur – son instabilité donc – et les sommes toujours plus importantes qu’elle attirait ont intéressé les spéculateurs.

Aujourd’hui, les fonds d’investissements comme BlackRock ou les banques comme Goldmann Sachs considèrent que le bitcoin est devenu un marché important. Avec cette dernière décision de Wall Street, des sommes astronomiques vont être investies sur le bitcoin, qui n’auront aucune utilité sociale, ne créeront aucun emploi, mais qui, comme dans un casino, vont certainement rapporter énormément à certains. Mais il se pourrait très bien aussi que, du jour au lendemain, ces sommes partent en fumée et que, par contagion, cela entraîne un krach financier mondial. Le PDG de la plus grande banque du monde, JP Morgan, déclarait il y a un mois que « la seule vraie utilité » du bitcoin était de profiter « aux criminels, aux trafiquants de drogue » et pour « le blanchiment, la fraude fiscale ». Il concluait : « si j’étais le gouvernement, j’y mettrais un terme. » Celui-ci vient au contraire de donner son feu vert, et à Davos tous sablent le champagne. Après eux le déluge ?

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