Mediator : Servier touché mais pas coulé03/01/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/01/P8-1_Mediator_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Mediator : Servier touché mais pas coulé

Depuis l’interdiction du Mediator en 2009, les laboratoires Servier, qui le commercialisaient, ont été condamnés à plusieurs reprises et leurs avocats ont à chaque fois fait appel.

Illustration - Servier touché mais pas coulé

Le 20 décembre, la condamnation de Servier pour tromperie aggravée, et homicides et blessures involontaires, a été confirmée.

Le tribunal a donc reconnu que le groupe Servier avait manœuvré pour continuer à commercialiser le Mediator comme antidiabétique, malgré son peu d’utilité reconnue contre cette maladie, alors qu’il le vendait en réalité comme coupe-faim. Alors que d’autres médicaments de la même classe avaient été retirés des ventes dès les années 1990, le Mediator est donc resté prescrit et remboursé par la Sécurité sociale pendant plus de trente ans à environ cinq millions de personnes, parmi lesquelles il a entraîné jusqu’à 2 000 morts. Pour obtenir son retrait, il a fallu qu’Irène Frachon, une pneumologue alertée par les problèmes cardiaques graves de ses patients sous Mediator, dénonce avec acharnement ce scandale sanitaire.

Le groupe au chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros a été condamné à 2,7 millions d’euros d’amende et à rembourser 415 millions d’euros aux caisses de Sécurité sociale, mais il échappe à la confiscation des 182 millions d’euros de bénéfices liés au Mediator. L’ex-numéro 2 du groupe – le patron Jacques Servier étant décédé en 2014 – en sera quitte pour porter un bracelet électronique pendant un an, une fois payée une amende de 90 000 euros qui ne risque pas de le mettre sur la paille.

Les avocats de Servier ont annoncé qu’ils contesteraient une fois de plus ce jugement devant la Cour de cassation. Cela fait maintenant des décennies que, pour protéger leur fortune, les patrons du groupe cherchent par tous les moyens à nier leurs responsabilités, y compris en proposant aux familles des indemnisations en échange de leur renoncement au procès. Leur condamnation n’en est pas moins une victoire morale pour tous les malades et les médecins, comme Irène Frachon, qui se sont battus pour faire connaître la vérité.

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