Médiapost : un drame social en prévision20/12/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/12/P13-1_Mediapost_Lorient_C_Claire_Marion_Le_Telegramme.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C2362%2C1402_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Médiapost : un drame social en prévision

Pendant des années, comme de nombreux groupes capitalistes, La Poste a développé des filiales pour payer encore plus mal une partie des employés.

Illustration - un drame social en prévision

Médiapost, filiale à 100 % de La Poste, était donc chargée de la publicité non adressée, c’est-à-dire principalement celle des magasins, même si La Poste en faisait aussi distribuer par des facteurs dans de nombreuses villes. Jusqu’au 31 décembre, les facteurs le font sur la moitié des 24 millions de boîtes aux lettres en France, le reste étant fait par Médiapost ou Adrexo. Médiapost distribuait aussi des colis, en sous-traitance pour La Poste, dans quelques départements.

Fin octobre, La Poste a annoncé qu’elle reprendrait l’activité de Médiapost et tous ses employés, soit environ 5 000 travailleurs sauf le commercial, à compter du 1er février 2024. Pour l’instant, elle les reprend avec leurs contrats et statuts, comme la loi l’y oblige. Ensuite, elle aura quinze mois pour trouver un accord avec les syndicats sur l’avenir de ces travailleurs.

Actuellement, La Poste propose donc aux médiapostiers des immersions dans les métiers de facteur ou de trieur en centre de tri. Cette réintégration pourrait être perçue comme une amélioration en termes de salaire et de conditions de travail. Mais c’est l’inverse qui se profile, hormis pour les distributeurs de colis, qui vont juste changer de chefs.

En effet, si La Poste assure, sur le papier, vouloir reclasser tout le monde, elle sait parfaitement que de nombreux médiapostiers ne s’y retrouveront pas. Elle ne leur proposera que des temps pleins, alors qu’ils sont nombreux, pour des raisons diverses, à travailler à temps partiel. Il y a ces retraités qui, ayant une pension trop faible, complètent leurs revenus en distribuant de la publicité quelques heures par semaine. Il y a aussi des travailleurs des campagnes choisissant un travail à temps partiel qu’ils peuvent effectuer autour de chez eux. Et ils sont aussi nombreux à ne pas avoir de voiture.

On entend donc déjà des chefs dire tranquillement à des retraités qu’il serait bien qu’ils démissionnent. À bas bruit, c’est un drame social qui se prépare dans les bureaux des hauts dirigeants de La Poste.

L’intégration de Médiapost va aussi avoir des répercussions sur les facteurs. Ainsi La Poste compte ajouter dans leurs sacoches la distribution de toute la publicité non adressée. Depuis des années déjà, elle réintègre la publicité au compte-gouttes. Mais cette fois, ce sera franc et massif : toute la publicité, pour tous les véhicules et dans toutes les communes. Le poids que cela représente n’est tout à coup plus un problème pour les ergonomes et spécialistes de la prévention de la santé au travail !

Dans les deux ans à venir, La Poste compte imposer ces changements lors des réorganisations. Les médiapostiers risquent donc de perdre leur emploi au fur et à mesure, alors que la Poste aurait parfaitement pu conserver des métiers distincts.

Menace sur l’emploi des ex-médiapostiers, dégradation supplémentaire pour les facteurs : ce n’est pourtant pas une fatalité. Une colère légitime commence à se faire sentir du côté des médiapostiers, bien qu’ils soient souvent isolés les uns des autres. Les postiers devront lutter à leurs côtés pour sauvegarder les emplois de tous, et dans des conditions qui ne soient pas dignes du Moyen Âge.

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