ArcelorMittal – Dunkerque et Mardyck : la colère s’étend20/12/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/12/P15-1_Arcelor_C_Loic_Beunaiche.jpg.420x236_q85_box-0%2C123%2C2362%2C1452_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal – Dunkerque et Mardyck : la colère s’étend

L’usine ArcelorMittal de Dunkerque produit des bobines d’acier, celle de Mardyck retravaille cet acier, notamment pour l’automobile. Les deux usines sont proches l’une de l’autre, reliées par une ligne de chemin de fer.

Illustration - la colère s’étend

Les débrayages ont commencé le 4 décembre, à la suite des annonces de la direction du groupe concernant les négociations annuelles obligatoires (NAO). Elle proposait une augmentation de 90 euros brut pour les ouvriers et les techniciens. De nombreux travailleurs des deux usines ne l’ont pas acceptée.

Le groupe ArcelorMittal est immensément riche. Depuis le début de l’année, 800 millions d’euros ont été versés aux actionnaires. Entre janvier 2021 et septembre 2023, le bénéfice net du groupe est de 25,5 milliards d’euros. Et la direction ose prétendre qu’elle n’a pas les moyens d’augmenter davantage les salaires !

Les débrayages sont organisés à chaque poste, de jour comme de nuit, souvent à l’initiative des militants de la CGT, qui demandent 300 euros brut et 56 centimes d’indemnité de déplacement kilométrique. Des secteurs qui d’habitude ne se mobilisent que peu ou pas du tout participent de manière importante au mouvement. Même si, à la seconde réunion de négociation, la direction est passée à 100 euros brut et 7 centimes d’indemnité de déplacement, pour les travailleurs mobilisés, c’est très loin du compte. Ce n’est pas parce que les syndicats CFDT et CFE-CGC ont signé l’accord qu’ils se sentent liés par cette signature.

Depuis le 8 décembre, plus une bobine n’est sortie du Train à chaud. L’aciérie a été plusieurs fois à l’arrêt. Un seul haut-fourneau fonctionne, au ralenti. Les autres sites du groupe sont fortement touchés : à Florange (Moselle), à Montataire (Oise), à Basse-Indre (Loire), à Mouzon (Ardennes), à Desvres (Pas-de-Calais). En effet, des débrayages ont également lieu sur ces sites, et de plus, ils ne sont plus approvisionnés par l’usine de Dunkerque. L’impact est tel que les sites de Desvres et Montataire seront prochainement à l’arrêt.

Il n’y a pas que les NAO qui sont contestées par les travailleurs. La nouvelle convention de la métallurgie, qui devrait s’appliquer dès janvier 2024, provoque la colère. Écrite et défendue par le grand patronat de la métallurgie, elle propose de nouvelles classifications de métier qui sont incompréhensibles. La seule chose tout à fait claire, c’est qu’elle est défavorable aux travailleurs.

Depuis le début des débrayages, la production est très fortement perturbée. Mais la direction continue de jouer les gros bras. Au début, elle s’est permis, pour la première fois lors d’une grève et en accord avec la préfecture, d’envoyer la police et la gendarmerie chez des travailleurs en pleine nuit, pour les réquisitionner, sous prétexte de mise en danger des installations. Cette provocation a fortement indigné et la mobilisation s’est étendue. Le 18 décembre, la direction a reconnu une perte de production de 115 000 tonnes de bobines d’acier. Elle a perdu davantage que si elle avait cédé aux revendications.

La direction affirme que « la négociation est terminée ». Mais la détermination des travailleurs est intacte, la mobilisation continue et elle est très bien vue par ceux des sites alentour, à commencer par ceux de la sous-traitance qui sont nombreux sur les deux usines. Cette mobilisation pourrait entraîner d’autres travailleurs d’autres usines, car les revendications sur les salaires et les conditions de travail concernent l’ensemble de la classe ouvrière. Et l’extension de la mobilisation pourrait faire ravaler son arrogance à la direction d’ArcelorMittal.

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