Qatar : une carte dans les mains des États-Unis29/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2887.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Qatar : une carte dans les mains des États-Unis

C’est par l’intermédiaire du Qatar que se sont menées les négociations entre Israël et le Hamas ayant abouti à la trêve permettant l’échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens. Derrière ce petit émirat richissime grâce à ses ressources en gaz, il y a surtout la grande puissance américaine.

Après avoir été présentés par les médias comme les principaux soutiens financiers du Hamas, les dirigeants du Qatar sont vantés aujourd’hui comme les meilleurs intermédiaires, négociateurs hors pair, capables de « parler à tout le monde ». En réalité, ces dirigeants ont souvent agi avec l’accord des États-Unis, voire sous leur impulsion.

Après la prise de pouvoir du Hamas en 2007 dans la bande de Gaza, ce sont les États-Unis qui ont demandé au Qatar d’ouvrir un canal de communication avec lui. Quand les révoltes de 2011, dites du Printemps arabe, ont touché la Syrie, elles ont obligé le Hamas à rompre avec le régime syrien, et à quitter l’année suivante ce pays où il avait jusque-là son siège. Là encore, c’est l’impérialisme américain qui a demandé aux dirigeants qataris de laisser le Hamas s’installer chez eux.

Les liens de dépendance du Qatar, cette ancienne colonie anglaise, envers les États-Unis se sont établis à travers bien des canaux, mais celui du pétrole et du gaz a été un des principaux. Toutes les majors pétrolières américaines sont installées au Qatar et il héberge la plus importante base militaire des États-Unis au Moyen-Orient, ses 10 000 soldats et le centre de commandement de leurs forces militaires dans cette région.

Même les financements du Hamas par le Qatar s’effectuent avec le consentement des États-Unis et des dirigeants israéliens. D’un côté, Israël et l’Égypte ont organisé pendant des années le blocus de la bande de Gaza. De l’autre, les États-Unis, avec l’accord des dirigeants israéliens, ont négocié avec le Qatar que celui-ci prenne en charge le paiement des salaires des fonctionnaires, l’aide alimentaire aux plus pauvres et l’entretien des centrales électriques dans la bande de Gaza.

Malgré les guerres et les révoltes populaires qui ont secoué cette région depuis des décennies, malgré l’apparition de régimes qui leur ont été hostiles, les États-Unis ont su y trouver de multiples points d’appui pour maintenir leur domination, et le Qatar est l’un d’eux. Derrière l’enchevêtrement de dépendances militaires, diplomatiques, économiques et financières qui caractérise le Moyen-Orient, les dirigeants de l’impérialisme savent aussi manœuvrer et établir le lien avec une force comme le Hamas, qui peut se présenter comme leur adversaire. Car ils savent qu’elle peut être un atout, une carte à jouer en cas de besoin pour le maintien de leur ordre social.

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