Extrême droite : la violence et ceux qui la suscitent29/11/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/11/P3-1_extreme_droite_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Extrême droite : la violence et ceux qui la suscitent

Les 25 et 26 novembre, plusieurs dizaines de nazillons venus de tout le pays ont défilé dans le quartier de la Monnaie, à Romans-sur-Isère, pour en découdre avec ses habitants.

Illustration - la violence et ceux qui la suscitent

Armés de barres de fer et de battes de baseball, ils prétendaient venger le jeune Thomas, tué lors d’une rixe à la fin d’un bal dans le village proche de Crépol.

Sous prétexte que certains suspects de ce meurtre venaient du quartier populaire de la Monnaie, des appels à la vengeance ont circulé sur les réseaux sociaux. Derrière le slogan anodin « Justice pour Thomas », d’autres étaient ouvertement racistes et ­xénophobes, comme « ­L’islam hors d’Europe », « Bleu blanc rouge, la France aux Français » ou encore « Chassons la racaille ». Des appels à de véritables expéditions punitives ont été lancés sur des groupes ­WhatsApp : « Il faut s’en prendre à leurs mères et leurs grands-mères », « Il faut leur tendre des embuscades » !

Si la majorité des habitants de ce quartier ne pouvaient qu’être terrorisés par de tels appels, certains se sont défendus en neutralisant un des agresseurs. La police s’est interposée, arrêtant plusieurs de ces jeunes nervis, dont six ont été condamnés à de la prison ferme. Darmanin, ministre de l’Intérieur, a déclaré « qu’il ne laissera aucune milice faire la loi à la place des procureurs de la République et des policiers » et annoncé son intention de dissoudre trois des groupuscules d’extrême droite impliqués dans cette descente.

Faire confiance à Darmanin ou à la police pour être protégé contre ces petites frappes d’extrême droite, c’est compter sur des incendiaires pour éteindre l’incendie. Si ces nazillons, quelque 3 000 dans le pays, se sentent autorisés à parader, à agresser des supporters du Maroc à Paris ou à Nice après un match France-Maroc, à attaquer une conférence de soutien aux Palestiniens à Lyon, c’est parce qu’ils sont encouragés par le climat entretenu depuis des mois par les politiciens et une grande partie des médias sur le terrain ­anti-immigrés et anti-musulmans. La démagogie raciste et le soutien implicite à de tels actes ne sont pas l’apanage de Zemmour, Le Pen ou autre figure de l’extrême droite. Interrogé après les événements de ­Romans, Éric Ciotti, président du parti LR, a ­ainsi refusé de les condamner, répondant qu’il réservait sa compassion à la famille de Thomas. En parlant d’un risque « de basculement de la société », le porte-parole du gouvernement, Olivier ­Véran, a contribué lui aussi à transformer un drame malheureusement banal, une rixe mortelle lors d’un bal de campagne, en un prétendu choc de société. De son côté, Darmanin brandit ses origines pour affirmer qu’il ne peut pas être raciste, mais multiplie les surenchères contre les travailleurs immigrés pour faire passer sa loi Asile et immigration.

Darmanin peut bien dissoudre ces groupes identitaires, ils se reconstitueront, et il favorise leur activité en alimentant sans cesse la démagogie sur laquelle ils prospèrent. Quant à la police, supposée protéger la population contre les sbires d’extrême droite, elle est elle-même gangrenée par les préjugés racistes. Non seulement on sait qu’elle vote majoritairement pour l’extrême droite, mais on apprend que les crapules qui ont paradé à ­Romans détenaient une liste de suspects du meurtre de Thomas, avec noms et adresses. C’est à croire qu’ils auraient eu des sources du côté de la gendarmerie ou de la police, les seuls ayant normalement accès aux dossiers. Le développement de ce genre de groupe de frappes d’extrême droite est un danger pour tout le monde du travail. Pour y remédier, il ne doit compter que sur ses propres forces et s’organiser sur son propre terrain.

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