Colonisation sans frein en Cisjordanie29/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2887.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Colonisation sans frein en Cisjordanie

Le gouvernement Netanyahou accélère la guerre contre la population palestinienne en intensifiant la colonisation en Cisjordanie, et en augmentant les moyens déployés pour la guerre dans ce territoire.

À la fois ministre des Finances et ministre de tutelle de la Cisjordanie, le chef du parti d’extrême droite Mafdal (sionisme religieux), Bezalel Smotrich, continue de défendre une colonisation à tout-va en Cisjordanie. Plus directement encore qu’avant le 7 octobre, colonisation signifie guerre aux habitants palestiniens, et le gouvernement a donc débloqué, dans le cadre du budget de guerre amendé adopté le 27 novembre, 390 millions de shekels (96 millions d’euros) destinés à renforcer la « sécurité » et les infrastructures liées aux implantations existantes et à venir dans le territoire.

Le projet annoncé par Smotrich concerne la multiplication et l’entretien des routes réservées aux colons, contournant les localités palestiniennes, ainsi que l’entraînement et l’armement d’unités d’intervention rapide, c’est-à-dire de milices de colons, eux-mêmes militants d’extrême droite acharnés à chasser les villageois palestiniens de leurs terres ou à les réduire, parfois définitivement, au silence. Parallèlement, le gouvernement, suivant les demandes de Smotrich, a débloqué des fonds de soutien à de petits groupes de colons « sauvages », postes avancés d’extrémistes sionistes. Ils rétablissent, armes à la main et sous protection de l’armée, des colonies précédemment évacuées par décision gouvernementale. Ils créent de nouveaux campements destinés à couper une route utilisée par les habitants ou à terroriser des cultivateurs d’olives palestiniens. À Turmus Ayya, ville située entre Ramallah et Naplouse, 80 % des cultivateurs ont abandonné la récolte des olives sous la menace des exactions des colons.

En effet, depuis le 7 octobre, la haine des colons d’extrême droite s’est déchaînée. Un chef de village de la communauté de Wadi Al-Siq, au centre de la Cisjordanie occupée, raconte, selon un journaliste d’Orient XXI : « L’arrivée de colons, pour certains vêtus de l’uniforme de l’armée, pour d’autres en civil, accompagnés de soldats. La police surveillait la scène de loin, peut-être à 200 mètres de là. Ils sont venus par trois chemins différents, ont commencé à nous frapper, nous tirer dessus, nous faire tomber à terre… C’était une scène terrible ». Il ajoute que la quarantaine de familles du village ont fui toutes affaires cessantes, sans rencontrer l’aide d’une quelconque autorité. Des militants venus à leur secours, tombés aux mains des assaillants, ont été victimes de coups et de tortures.

L’armée elle-même multiplie les exactions dans la zone A, en principe sous contrôle palestinien. Selon le ministère de la Santé de Ramallah, entre le 7 octobre et le 17 novembre, plus de 220 Palestiniens ont été tués par des militaires ou des colons en Cisjordanie et à ­Jérusalem. Un récent recensement des Nations unies établit que plus de 1 100 Palestiniens ont été déplacés de force du fait de la violence des colons israéliens depuis le 7 octobre. Seize communautés villageoises ont déjà été complètement rayées de la carte.

La guerre menée aux Palestiniens continue et renforce la politique de spoliation de la population arabe, dans une fuite en avant meurtrière voulue par le gouvernement Netanyahou, et initiée par ses prédécesseurs. Rendre aux Palestiniens l’existence impossible en Cisjordanie est le but ouvert du gouvernement Netanyahou.

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