Palestiniens, les damnés de la Terre01/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2883.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

Palestiniens, les damnés de la Terre

Fin octobre, les bombardements israéliens avaient déjà fait officiellement plus de 8 000 morts dans la bande de Gaza. Tous ces morts sont invisibles, sans visage dans les médias, comme si la vie d’un Palestinien ne comptait pas aux yeux des grandes puissances. Les Palestiniens meurent comme ils vivent, dans la misère et l’oppression.

À Gaza, ils sont plus de deux millions à étouffer dans cette prison à ciel ouvert, avant qu’elle ne se transforme en gigantesque cimetière. Sans infrastructure, ni industrie, sans emplois, les habitants dépendent depuis longtemps de l’aide humanitaire. L’eau et l’électricité sont rationnées en permanence.

En Cisjordanie, la pauvreté est tout aussi importante. Bien des Palestiniens n’y connaissent que la vie dans les camps de réfugiés. Ils sont désormais encerclés par un mur immense. La colonisation israélienne se traduit par des spoliations de terres, par des routes séparées, des blocages de circulation pour laisser passer les colons. Les Palestiniens qui s’approchent trop du mur ou des colonies risquent la mort. Sans parler des incursions militaires dans les zones encore laissées aux Palestiniens, des maisons détruites par l’armée d’occupation. Leurs terres, leurs villages, leurs maisons, jusqu’à l’insouciance de leurs enfants leur ont été volés.

Avant 2000, un tiers des travailleurs palestiniens de l’ensemble des Territoires occupés allaient travailler en Israël. Il ne restait que 33 000 Palestiniens avec un permis de travail avant octobre 2023. C’est bien souvent le seul moyen de faire manger sa famille, mais il signifie subir toutes sortes d’humiliations, les attentes aux postes de contrôle, les milliers de shekels à payer pour obtenir un permis de travail censé être gratuit, les salaires inférieurs de 20 à 30 % à ceux des travailleurs israéliens, les emplois insalubres et les injustices, car les patrons, israéliens ou palestiniens, profitent sans vergogne de cette situation.

Après l’attaque du Hamas, des milliers de travailleurs gazaouis ont été expulsés du jour au lendemain d’Israël vers la Cisjordanie, et beaucoup de patrons en ont profité pour ne pas payer les salaires dus.

Enfin, plus d’un million de Palestiniens sont citoyens israéliens, leur famille étant restée après 1948. Mais ils sont des citoyens de seconde zone. Les salaires, les prestations sociales sont différents. Et, bien entendu, les infrastructures, le nombre d’écoles, de centres de soins, diffèrent selon que l’on vit dans un quartier juif ou arabe.

Où qu’il vive, un Palestinien doit subir des humiliations et se taire pour ne pas risquer la prison, la destruction de sa maison, la perte de son emploi. Pour toutes ces raisons, chaque génération a fourni des combattants. Ce n’est ni la révolte ni la détermination qui leur ont manqué.

Si le Hamas peut aujourd’hui prétendre les représenter, la responsabilité en revient à bien d’autres : aux dirigeants nationalistes de l’OLP, qui sont devenus les chefs d’une Autorité palestinienne corrompue et s’accommodant de la colonisation israélienne ; aux dirigeants des pays arabes, qui se servent de la cause palestinienne comme d’un drapeau, mais laissent moisir dans la misère leur propre peuple tout comme les réfugiés palestiniens sur leur territoire ; et enfin, au mouvement ouvrier israélien, qui a accepté cette oppression infâme.

Cette oppression des Palestiniens parle aux pauvres du monde arabe. Elle finira par parler aussi aux exploités en Israël, car ils payent les conséquences de cette politique coloniale. Pour sortir de cette situation, il faudra des militants capables de proposer l’union indispensable des prolétaires palestiniens, arabes et israéliens, afin d’abattre toutes les oppressions.

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