Renault-Sovab – Batilly : débrayages en série18/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Sovab – Batilly : débrayages en série

Une série de débrayages viennent d’avoir lieu à l’usine Renault-Sovab de Batilly, en Meurthe-et-Moselle, qui fabrique des Master. La dégradation des conditions de travail, et le mépris qui va avec, a entraîné des réactions de colère des ouvriers, qu’ils soient embauchés ou intérimaires.

Ce sont d’abord une dizaine de caristes de la logistique du Montage qui ont cessé le travail trois heures, entraînant la perte de production de 45 Master. Ils voulaient protester contre les mauvaises conditions de travail, dues au manque de personnel, qui est la vraie cause des tournées infernales pour approvisionner les chaînes. Dans toute l’usine, les rythmes de travail sont tels qu’ils provoquent une valse des intérimaires, qui ne veulent pas rester. Ils sont plus de mille dans cette usine, en plus des 1 870 CDI, assumant les postes les plus durs, même s’ils sont durs pour tous, car la direction refuse de mettre les effectifs suffisants, afin de satisfaire les actionnaires qui veulent avant tout que les usines produisent des profits.

La semaine du 9 octobre, une dizaine d’intérimaires afghans, en bout de chaîne au Montage, ont débrayé à leur tour deux heures pour protester contre le mépris affiché de la hiérarchie, qui renâcle à ce qu’ils aillent tout simplement aux toilettes. Comme en logistique, c’est cet irrespect qui a fait déborder le vase, mais le problème de fond là aussi est celui des postes trop chargés et du manque d’effectif.

Jeudi 12 octobre, quel­ques caristes de la Tôlerie, juste avant la pause, ont fait venir la direction pour dénoncer la vétusté des cars à fourches, du tracteur, les postes trop chargés, les problèmes d’organisation des navettes, etc. Cela a duré une vingtaine de minutes puis, à midi, la direction leur a fait savoir qu’elle leur retirait vingt minutes pour le débrayage. En réaction, pratiquement tous les caristes de la gare principale en Tôlerie se sont mis en grève à midi et ont attendu les camarades du contre-poste. La direction a ainsi perdu 150 caisses qui ne sont pas sorties de la Tôlerie.

Le mécontentement est donc profond. Rien ne va, car la direction a réorganisé toute la logistique à sa sauce dans le but d’économiser des postes, et la mise en production d’un nouveau véhicule complique encore la donne. La direction cherche des solutions qui ne lui coûtent rien, alors que les travailleurs veulent des créations de postes.

Lundi 16 octobre, une cinquantaine de travailleurs – essentiellement des caristes – se sont réunis en assemblée à l’appel des syndicats, fiers d’avoir relevé la tête. Il n’est pas sûr que la promesse de la direction de fournir des renforts ponctuels suffise à calmer le mécontentement.

Tandis que le président du conseil d’administration du groupe Renault participait à la sauterie du château de Versailles en l’honneur du roi d’Angleterre, avec des bouteilles de vin à 3 000 ­euros – deux mois de salaire ouvrier – les travailleurs en ont plus qu’assez de trimer dans ces conditions.

Intérimaires ou CDI, quelles que soient leur nationalité et leur origine, beaucoup de travailleurs ont pris conscience de leur force en voyant la direction les supplier de reprendre le travail. Ils étaient unis lors de ces débrayages, et c’est aussi un acquis qui comptera pour la suite.

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