Assassinat d’Arras : déchaînement de démagogie18/10/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/10/P4-1_Dans_la_mannifestation_contre_la_loi_Darmanin_en_avril_2023_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Assassinat d’Arras : déchaînement de démagogie

Dans la matinée du vendredi 13 octobre, un homme armé d’un couteau s’est introduit dans un lycée d’Arras, tuant un enseignant et blessant trois personnes, un autre enseignant et deux agents de service.

Illustration - déchaînement de démagogie

L’auteur interpellé aurait crié « Allah Akbar ». Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le gouvernement, l’opposition de droite et d’extrême droite se lancent dans une exploitation politique de l’émotion suscitée par cet acte, faisant assaut de démagogie anti-immigrés.

À une députée RN voyant « le lien évident entre le meurtre que nous pleurons aujourd’hui et l’immigration massive » ont fait écho les déclarations du ministre de l’Intérieur, Darmanin, évoquant une « atmosphère de djihadisme » en France. Tous utilisent le fait que le jeune assassin est d’origine caucasienne et n’a pas la nationalité française pour dénoncer en bloc les étrangers assimilés à des délinquants.

Tout en se défendant, la main sur le cœur, de tout amalgame, Darmanin a affirmé que les expulsions seront nombreuses et immédiates, même s’il devait être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme, qui interdit théoriquement les expulsions lorsque les personnes concernées risquent la torture ou la mort dans leur pays d’origine. Il a même déclaré que sa nouvelle loi Immigration, si elle était votée, lui permettrait d’expulser des enfants qui seraient selon lui des « dangers en puissance ». Et qu’importe si, sur les 5 000 fichés S par les services de renseignement, l’immense majorité est de nationalité française.

Tous ceux qui dénoncent cette démagogie assimilant immigration et délinquance sont priés de se taire, voire sont présentés comme des traîtres. Ainsi, l’un des dirigeants des Républicains, Laurent Wauquiez, a repris le thème de la « cinquième colonne du terrorisme islamiste », allant jusqu’à accuser l’extrême gauche d’en être la vitrine légale. Son ami et néanmoins concurrent, le patron des LR Éric Ciotti, a réclamé quant à lui l’instauration de l’état d’urgence, qui permettrait « de faciliter les perquisitions administratives, d’interdire les manifestations et d’assigner à résidence ». On devine facilement que de telles mesures pourraient être utilisées contre tous ceux qui voudraient protester.

L’assassin de l’enseignant d’Arras semble appartenir à la mouvance islamiste. Son crime odieux ne peut que susciter une émotion légitime. Mais la tentative de l’instrumentalisation est non moins odieuse. Elle crée un climat de haine anti-immigrés qui ne tarira pas le recrutement de futurs djihadistes, bien au contraire.

Pour les travailleurs qui vivent dans les mêmes quartiers et subissent la même exploitation, accepter ces argumentations serait tomber dans un piège qui les affaiblirait tous. Pour se défendre, il faut rester unis, mais pas derrière des Macron ou leurs semblables. Il faut rester unis entre travailleurs, pour se battre contre les exploiteurs et faire face à tous les démagogues à leur service.

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