Jean-Pierre Mercier : "La guerre sociale contre les travailleurs"11/10/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/10/P8-2_JPM_2023_10_07_Meeting_Mutu_03_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

le 7 octobre à la mutualité

Jean-Pierre Mercier : "La guerre sociale contre les travailleurs"

Illustration - "La guerre sociale contre les travailleurs"

Alors que les bruits de bottes se font de plus en plus assourdissants, il y a une autre guerre que les capitalistes et leurs gouvernements poursuivent, de plus en plus violemment, de plus en plus ouvertement : c'est la guerre sociale contre les travailleurs.

Elle se déroule sur plusieurs fronts : l'inflation, l'intensification de l'exploitation, les coupes claires dans les budgets des services publics, l'aggravation de la répression contre les mouvements de protestation, la mise au pas de la population travailleuse.

Les mesures contre les chômeurs s'attaquent à tous les travailleurs

Le chômage reste aujourd'hui un cancer social qui ronge la société. Il n'y a qu'au gouvernement qu'ils font semblant de l'ignorer. D'ailleurs la loi qu'ils sont en train de discuter au Parlement en ce moment s'appelle loi « Plein emploi »… dont la mesure phare est d'obliger les chômeurs allocataires du RSA à travailler gratuitement au moins 15heures par semaine! Cela donne la nausée de voir les macronistes et la droite, à grands coups de leçons de morale, expl iq uer q ue les chômeurs doivent avoir «pas seulement des droits mais des devoirs».


Des droits ? Quels droits ont-ils, à part celui de survivre avec une allocation de 607,75 euros par mois ? On se croirait revenus au 19e siècle, quand les bourgeois expliquaient que la pauvreté était due à la paresse et à l'oisiveté des travailleurs!

Cette réalité du chômage, elle est aussi bien présente dans la vie des travailleurs en activité, parce que les patrons comptent sur la crainte du chômage pour faire accepter les chaînes qui accélèrent, les cadences de plus en plus démentes, les équipements de sécurité absents, les temps de transpor t invraisemblables, les comportements méprisants et insultants de la maîtrise…

Salaires réels en baisse, profits en hausse

Les bourgeois ont ouvert la boite de Pandore de l'inflation, et chacun d'entre eux entend bien profiter de l'aubaine pour rafler le maximum de profits, en se moquant éperdument des conséquences, non seulement sur la population, ce qui est le cadet de leurs soucis, mais sur leurs propres affaires. Car, à terme, cette explosion de l'inflation pourrait mener l'économie vers une récession majeure.

Grâce à l'aggravation de l'exploitation, grâce au taux élevé de chômage, grâce aux centaines de milliards d'euros d'argent public offerts en cadeau aux capitalistes pour les soutenir, et maintenant grâce à l'inflation, les profits explosent malgré la crise. L'augmentation de la richesse des capitalistes, en quelques années seulement, peut être illustrée par un seul fait. Avez-vous déjà entendu parler du « fmic » ? c'est la «fortune minimale d'insertion dans le classement », du magazine Challenges, qui publie chaque année le palmarès des 500 plus grandes fortunes du pays. Eh bien il y a vingt ans, le 500e du classement avait un patrimoine professionnel de 5 millions d'euros. Cette année, le 500e du classement a un patrimoine de… 235 millions.

La remontée de la conscience, et donc des luttes collectives, est d'autant plus indispensable que la vie de la société tout entière se dégrade, et va se dégrader d'autant plus vite que le monde se prépare à la guerre.
Quand l'État français annonce un budget militaire de 413 milliards, à un moment où paraît-il l'argent public se fait rare, cela va se ressentir immédiatement sur le budget des services publics – pourtant déjà profondément dégradés.

Les services publics n'ont jamais eu comme finalité de rendre service à la population, mais au contraire à la bourgeoisie. Les infrastructures mises en place par l'État permettent de fournir à la classe capitaliste des travailleurs éduqués, grâce à l'école publique, et en état de travailler, grace aux hopitaux et au système de santé en général. L'existence des services publics sert en fait à compenser – avec l'argent des travailleurs eux-mêmes – le montant insuffisant des salaires. Les travailleurs subissent donc la double peine: ils gardent les bas salaires, mais profitent de moins en moins des services qui permettaient de les compenser un peu. Avec les tensions internationales, cette situation va s'aggraver. c'est bien tout cela qu'on nous prépare, dès maintenant. Regardez comment le gouvernement vient de changer son fusil d'épaule, c'est le cas de le dire, sur le SNU, ce fameux « service national universel » qui sent à plein nez le rétablissement, petit à petit, du service militaire. Apprendre à la jeunesse à marcher au pas et la mettre au garde-à-vous devant le drapeau de l'impérialisme français, voilà leur programme!

Renverser le capitalisme

Le capitalisme est tellement rongé par la crise qu'il se dirige tout droit vers la déflagration, et le prolétariat, la seule force qui serait capable d'éviter cette catastrophe, n'a aujourd'hui ni la conscience ni la direction politique dont il a besoin pour le faire.

Bien sûr, il nous faudra nous battre pour défendre nos conditions de vie, nos salaires, nos emplois, notre droit à une vie digne, mais cela ne suffira pas. Le renversement du capitalisme est la seule issue à la fois pour sauver notre peau en tant que travailleurs et pour offrir un autre avenir à la société tout entière.

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