Oignons : rien n’échappe à la spéculation04/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Oignons : rien n’échappe à la spéculation

Le prix des oignons en supermarché n’est plus aussi élevé qu’il y a quelques mois. Mais le répit risque d’être de courte durée.

À cause des périodes de fortes chaleurs et de sécheresse de cet été, les spéculateurs se frottent déjà les mains. Or, dans de nombreux pays, c’est un produit de base, très largement consommé.

Si en France, au printemps dernier, l’oignon était rare et cher, ce n’était rien en comparaison de son prix dans certains pays. En Algérie, son prix a été multiplié par quatre ou cinq. En Turquie, il a explosé et est devenu un symbole de l’inflation galopante. En Indonésie, il coûtait plus cher au kilo que le poulet ou le porc, au point que, sur Internet, certains tournaient les choses en dérision en se photographiant avec des oignons en pendentifs, comme s’il s’agissait de pierres précieuses.

De fait, il existe une spéculation dominée par de grands exportateurs, dont les plus importants sont installés aux Pays-Bas où la production est orientée à plus de 90 % vers l’export. La consommation de nombreux pays d’Afrique, comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Mauritanie… dépend de ces grands groupes. Il se produit 100 millions de tonnes d’oignons par an à l’échelle mondiale. 8 millions de tonnes circulent sur un marché international contrôlé par ces agro-­industriels. C’est cette position qui leur permet de faire monter les prix. L’an dernier, l’ensemble des exportations d’oignons des Pays-Bas a franchi pour la première fois la barre du demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires.

C’est ainsi que ces capitalistes ont contribué à affamer des populations entières dans les pays où l’oignon constitue une des bases de l’alimentation. Et cela risque de se reproduire. Le marché en Europe, vient de redémarrer à un niveau de prix élevé, supérieur à celui de l’année dernière. Et, au fur et à mesure que les stocks vont s’écouler, les prix vont sûrement monter. « L’avantage d’une année où on finit haut, c’est que l’on peut commencer haut », vient de déclarer dans une interview le PDG de Mulder Onions, un des principaux groupes. Et il ajoute : « Je suis optimiste et je vois dans le monde entier de belles opportunités » !

Les moyens ultra-modernes de l’agriculture hollandaise, de la récolte au stockage et à l’expédition, pourraient être un outil fantastique pour faire face aux pénuries dans certains pays, pour compenser les mauvaises récoltes dues aux catastrophes climatiques. Mais, dans les mains des capitalistes, toute production alimentaire, quelle qu’elle soit, devient une arme pour accumuler les profits quitte à affamer les plus pauvres.

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