Nigeria : la population face à la hausse des prix04/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2879.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nigeria : la population face à la hausse des prix

Les deux principaux syndicats du Nigeria appelaient à la grève générale à partir du mardi 3 octobre contre la hausse du coût de la vie et pour l’augmentation des salaires. Ils ont suspendu cet appel pour une durée de trente jours après l’annonce par le gouvernement de quelques mesures destinées à éteindre l’incendie qui menaçait.

La hausse des prix rend la vie de la population de plus en plus pénible. La viande de bœuf a augmenté de 31 % en un an, le riz local de 62 %, les haricots de 27 %, l’igname de 45 %. L’inflation qui a déferlé sur tous les pays pauvres, suite aux soubresauts de l’économie mondiale et à leur cortège de spéculations, a été aggravée au Nigeria par les mesures du gouvernement, soucieux de suivre les injonctions des bailleurs de fonds internationaux.

En juin dernier, le président Bola Tinubu a ainsi annoncé la suppression des subventions sur l’essence, une mesure préconisée par la Banque mondiale. Le prix des carburants a aussitôt triplé, entraînant les tarifs des transports en commun et des camions de marchandises. Sur les conseils du FMI, la monnaie nigeriane, le naira, a subi une réforme entraînant une dévaluation de 40 %, renchérissant immédiatement toutes les importations.

« Le gouvernement abandonne le peuple et les travailleurs dans une pauvreté et un abattement atroces » dénonçaient les syndicats dans leur appel à la grève, demandant aux travailleurs de « se préparer à une longue grève et à stocker les produits alimentaires de première nécessité ». Ces mêmes syndicats font aujourd’hui crédit au gouvernement de vouloir améliorer le sort de la population après qu’il a annoncé une augmentation de 43 euros par mois du salaire des fonctionnaires fédéraux, et d’une trentaine seulement pour les travailleurs les moins qualifiés, alors que le salaire mensuel moyen est de 180 euros. Cette promesse, qui ne vaut que pour six mois, ne permettra pas de suivre le rythme de l’inflation, et rien ne dit qu’elle sera plus appliquée que celles faites en août dernier dans le seul but d’amener les syndicats à la table des négociations. Quant à l’immense partie de la population qui dans les grandes villes ne survit que de petits métiers informels, cela ne lui rendra pas la nourriture ni les transports plus accessibles.

Le Nigeria passe aujourd’hui pour la première économie du continent, notamment grâce à ses exportations de pétrole, mais cela ne donne pas à manger à ses habitants. Dans sa capitale économique, Lagos, des bidonvilles de plusieurs centaines de milliers d’habitants coexistent avec les buildings où vivent quelques milliardaires. Dans le nord du pays, les bandits ou les groupes armés djihadistes font la loi, chassant les agriculteurs de leurs terres, volant les troupeaux, et poussant les jeunes qui ne veulent pas s’enrôler dans leurs bandes à quitter leurs villages pour émigrer. L’inflation incontrôlée, les mesures gouvernementales, la pression des trusts impérialistes rendent cette situation chaque jour plus explosive et grosse de révoltes, quels que puissent être les arrangements des syndicats avec le gouvernement.

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